Une photographie striée de bandes blanches, dégradée, illisible…. Une fatalité ? Pas si sûr. Ugo Boscain et Mario Sigalotti, membres permanents de l’équipe GECO du centre Inria Saclay – Île-de-France, ont développé une technologie de contrôle géométrique qui permet de reconstituer intégralement ces images incomplètes. Pour cela, ils utilisent un algorithme biomimétique qui reproduit le fonctionnement du cortex visuel primaire des mammifères. Une perspective très prometteuse pour plusieurs secteurs d’activité où la lecture des images est vitale : l’imagerie médicale, la sécurité, les neurosciences ou encore la documentation.
Un « cortex visuel artificiel »
La recherche menant à cette technologie a été financée, il y a six ans, par une bourse ERC décernée à Ugo Boscain. Depuis l’équipe GECO a peaufiné son programme logiciel. Cependant, les chercheurs sont aujourd’hui confrontés à une série de problèmes techniques et doivent faire évoluer leur procédé. « Pour parvenir à reconstruire une petite image simple, nous devons régler un très grand nombre de paramètres. Cela représente au total une demi-journée de travail », explique le chercheur. Il faudrait donc concevoir un outil capable de reconstruire n’importe quelle image en temps réel. « Cela est impossible sur un ordinateur classique. Nous voulons donc créer une machine spécialement adaptée à ces calculs. » Ce nouvel ordinateur, Ugo Boscain le définit comme un « cortex visuel artificiel ». Construit comme un circuit intégré, il facilitera la reconnaissance et la reconstruction d’images, mais pas uniquement. « Nous prévoyons de travailler ensuite sur les sons corrompus, car le cortex auditif fonctionne en quelque sorte comme le cortex visuel. »
Valoriser commercialement la technologie
Il y a quelques mois, l’équipe GECO a reçu une seconde bourse de l’ERC, « Proof of concept », dont l’objectif est d’aider les chercheurs à valoriser leurs résultats. « Cette bourse ne va pas financer nos recherches, précise Ugo Boscain. Nous allons l’utiliser pour gérer les questions de propriété intellectuelle de nos travaux. Et, surtout, nous allons lancer des études de marché, faire du testing de produit pour trouver des contacts et des entreprises intéressées par notre projet. » L’équipe se donne dix-huit mois pour trouver un industriel prêt à financer ce « cortex artificiel ».