Des outils d’aide à l’analyse pour la recherche en histoire sociale
Automatiques, les outils d’analyse statistique ne conviennent pas aux besoins des historiens et sociologues, notamment pour l’étude des réseaux d’interactions sociales. L’analyse de leurs corpus de données, complexes et souvent incomplets, doit en effet pouvoir être modulée en fonction des informations connues par le chercheur. C’est à cet enjeu qu’entend répondre le projet HistorIA, coordonné par Jean-Daniel Fekete, responsable de l’équipe-projet Aviz à Inria, et son collègue Christophe Prieur, informaticien et sociologue au département Sciences économiques et sociales de Telecom Paris.
Proposé en réponse à l’appel à projet 2018 de DataIA*, il est doté d’un budget de 240 000 euros. Il a permis la publication et la mise à disposition, en 2020, d’un système de calcul des groupes (clusters) au sein d’un réseau social qui repose sur un partage d’initiatives entre algorithmes et connaissances du chercheur. Celles-ci sont saisies en amont pour permettre des interventions en aval si certains regroupements calculés ne correspondent pas à d’autres données connues du chercheur.
Numériser le patrimoine, pour mieux le conserver
Comment concilier les impératifs a priori contradictoires des musées – préservation et valorisation du patrimoine – lorsqu’on parle d’artefacts si fragiles que l’exposition à la lumière les abîme ? Une solution pourrait être la numérisation. C’est le pari du projet Material, soutenu par l’ANR à hauteur de 640 000 euros.
Associant notamment le Musée d'ethnographie de l'université de Bordeaux (MEB), l’Institut d’Optique, le CNRS et, plus récemment, les équipes Inria Maverick et Manao, ce programme a permis le développement de la Coupole, une plate-forme unique en son genre, capable de restituer, virtuellement, l’apparence mais aussi la réponse optique à la lumière et le tramage de textiles anciens. Le tout avec une telle résolution que l’image virtuelle peut convenir au travail de recherche ethnographique. Une prouesse technique qui donne lieu à une exposition au MEB, « Textile(s) 3D ». Prochain défi : améliorer la compression des centaines de milliers de photos, pour obtenir un affichage le plus réaliste possible, mais d’un poids numérique plus limité.
Découvrir en vidéo le projet Material à travers l’exposition "Textile(s) 3D"
La réalité virtuelle peut changer l’archéologie
Imaginez pouvoir manipuler à l’infini les pièces d’une poterie très fragile pour en reconstituer la forme, alors même qu’elles restent bien protégées dans leur gangue de terre. Ce rêve d’archéologue, l’équipe Hybrid (Inria/Irisa) lui donne réalité. En collaboration avec des archéologues et des modélisateurs 3D, les chercheurs transforment en scène interactive fonctionnelle les modèles tridimensionnels issus des techniques d’imagerie.
Un travail de coconstruction, l’outil numérique devant s’adapter aux besoins précis de chaque objet de recherche. Faut-il pouvoir manipuler des éléments, les mesurer, regarder comment la lumière interagit avec eux ? La réalité virtuelle le permet. Grâce à la mobilisation d’infrastructures d’exception, comme la plate-forme Immersia, il est même possible de se déplacer dans le site de fouille. Une opportunité immense de faire évoluer les investigations de terrain, par nature destructives, et d’outiller les archéologues pour qu’ils puissent encore mieux travailler sur les traces de notre passé.
* DataIA est l’organisme d’animation scientifique autour de l’IA et des enjeux sociétaux de Paris-Saclay
Découvrir en vidéo les multiples autres applications d’Immersia
Autres ressources
- Comprendre en vidéo les apports du numérique à l’archéologie
De la numérisation 3D à la fouille vituelle, HybridResearchTeam, YouTube, 18 juin 2020
- D’autres outils numériques pour les archéologues