Josef Sivic : Apprendre du passé pour prévoir le futur

Date:
Mis à jour le 01/04/2020
Josef Sivic, un des quatre lauréats Inria du concours de l'European Research Council 2013, a obtenu une bourse "starting", destinée aux jeunes chercheurs, pour son projet Leap (Learning from our collective visual memory to analyze its trends and predict future events).

Quels sont vos principaux thèmes de recherche ?

Je travaille sur la vision par ordinateur – un champ de recherche combinant les mathématiques appliquées, l'infographie et les sciences cognitives. Le but est de comprendre automatiquement l'information visuelle, par exemple identifier des objets ou des actions humaines dans un enregistrement vidéo. Si le cerveau humain interprète sans effort l'information visuelle, obtenir le même niveau de compétence d'une machine demeure très difficile.

En quoi consiste votre projet Leap, retenu par l'ERC ?

Le but du projet est d'exploiter notre "mémoire visuelle collective" – l'extraordinaire quantité de données visuelles disponibles (vidéos sur Internet, archives publiques, caméras de surveillance ou personnelles, etc.) – pour analyser les changements à long terme d'objets ou motifs particuliers. Pour cela, il faut tout d'abord identifier ces objets ou motifs dans des images provenant de différents médias, avec différentes conditions de prise de vue comme l'angle, la définition, l'éclairage, etc. puis caractériser leurs changements avec le temps (par exemple les transformations d'un endroit ou d'un bâtiment particuliers).

Une fois identifiées, et éventuellement quantifiées, ces tendances peuvent alors nourrir des modèles capables de "prévoir" des événements futurs dans des scènes animées. Par exemple, si vous analysez une importante quantité de scènes de foules et identifiez des évènements pouvant mener à une panique ou à une ruée, vous pourrez ensuite développer des systèmes d'alerte précoce et de prévention de ces catastrophes. Ou alors imaginez une voiture capable d'anticiper le comportement des piétons dans la rue...

Comment allez-vous utiliser cette bourse ?

Elle représente surtout l'opportunité de constituer une petite équipe pour explorer ce sujet en profondeur. Inria constitue un excellent environnement et je resterai au sein de Willow, au moins pour les années à venir, peut-être en formant un "sous-groupe". À long terme, les options sont toujours ouvertes.

Le travail commencera le 1er janvier 2014. Durant cinq ans, le projet financera trois thèses et un postdoc. Le but de ce projet n'est pas de produire des logiciels commerciaux mais de développer la technologie.

Josef Sivic
© Inria / Photo P. Caron

Parcours

Josef Sivic a obtenu un master d'ingénierie électrique de l'université technique tchèque (Prague) en 2002, et un doctorat en sciences de l'ingénieur de l'université d'Oxford en 2006. Il a ensuite passé six mois de séjour postdoctoral au laboratoire d'informatique et intelligence artificielle du MIT (Massachusetts institute of technology), et a été recruté comme chercheur à Inria (Paris) en 2008. Il est aujourd'hui membre de Willow, une équipe-projet dirigée par Jean Ponce et travaillant sur l'interprétation automatique de l'information visuelle.