Les sciences du numérique n’ont pas de sexe ! Trois femmes témoignent…

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Mis à jour le 26/02/2020

Le premier humain à avoir créé un programme informatique était une femme : Ada Lovelace, née en 1815, fut en effet la première à écrire un algorithme exécutable par une machine ! Bien avant elle, Hypatie d'Alexandrie, mathématicienne et astronome née entre 355 et 370, avait déjà rédigé le processus de construction d'un astrolabe, pour prédire la position des planètes. 

Par la suite, de nombreuses autres femmes leur ont emboîté le pas et ont eu une influence déterminante dans l’Histoire de l’informatique : Grace Hopper, Hedy Lamarr, Ingrid Daubechies et bien d'autres encore… À l’opposé des préjugés sexistes, leurs parcours éclairent l’histoire des sciences du numérique d’une lumière plus égalitaire.

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, partons à Inria Nancy-Grand Est, à la rencontre de trois d'entre elles qui créent l'informatique de demain. Elles nous parlent de leur métier et de leurs expériences de femmes exerçant un métier scientifique. Jeunes filles : prenez des notes et embarquez (dans le véhicule autonome) : les sciences du numérique sont pour vous !

Serena Ivaldi, chercheuse en robotique

Serena Ivaldi lors de la Fête de la science 2017 du centre de recherche Inria Nancy - Grand Est
© Photographie Clotilde Verdenal / LoeilCreatif (pour Inria)

Passionnée de robots et de science-fiction depuis toujours, son métier lui a permis de réaliser son rêve : créer des robots capables d’interagir et d’aider les gens. Inspirée autant par Marie Curie que par les astronautes ou même Isaac Asimov, Serena Ivaldi puise son énergie dans sa curiosité et son envie permanente d’apprendre de nouvelles choses. 

Nathalie Flammang
N. Flammang

 

 

Nathalie Flammang, ingénieure en informatique

Enfant, elle voulait être cosmonaute, puis chercheuse en biologie, puis exploratrice, puis archéologue, puis détective… Finalement, en tant qu’ingénieure réseaux, elle est devenue un peu tout ça en même temps : malgré sa tête souvent dans les étoiles, elle analyse les faits et résout des enquêtes pour rendre les applications informatiques plus performantes et conviviales !

 

 

Anne-Sophie Didelot, présidente d'une startup

Anne-Sophie Didelot
© Inria / Photo G. Scagnelli

Anne-Sophie Didelot est passionnée par l’entrepreneuriat, l’aventure, le risque et les surprises : un cocktail qui décrit bien la vie de cette mère de deux enfants, à la fois chercheuse accomplie et cheffe d’entreprise épanouie ! Une rencontre a été déterminante dans sa vie professionnelle : celle avec Laurent Ciarletta, enseignant-chercheur à l’origine de la création d’ALERION, la startup dont elle occupe la présidence aujourd’hui.

En quoi consiste votre métier ?

  • Serena Ivaldi

Chercheuse, c'est une activité à temps plein ! Ma tête bouillonne de questions et d’idées en permanence. Pour chaque projet, je me focalise sur une ou quelques questions pour lesquelles j'élabore des pistes pour trouver des réponses : je fais des hypothèses et j'expérimente pour savoir si elles sont correctes.  

Je supervise une équipe de doctorants, ingénieurs et postdocs, à qui j'apprends le travail d'équipe, en collaboration avec mes collègues scientifiques. L’âge, le genre ou la nationalité ne sont pas discriminants : on travaille tous ensemble pour atteindre le même but ! Nous collaborons avec d’autres équipes en Europe, il est donc très important de savoir faire preuve d’ouverture.

Je participe aussi à des réunions dans de nombreux instituts et à des conférences (inter)nationales, ce qui me permet de rencontrer d'autres collègues et de leur présenter mon travail, pour éventuellement recevoir des critiques et m'améliorer. Et au passage, cela me permet également de voyager. Ce qui est clairement un aspect positif de mon métier !

  • Nathalie Flammang

Mon service vise à fournir aux scientifiques des moyens de produire et de stocker des données de recherche (calcul, thèses, articles…) et de mettre à leur disposition des moyens de communication et de diffusion (réseaux, visioconférence, outils collaboratifs…) pour collaborer avec des collègues sur toute la planète. L’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie (si elle a existé) a détruit de nombreux savoirs et connaissances. Pour que cela n’arrive plus, les outils que je mets à disposition doivent être robustes, fiables, sécurisés et sauvegardés. J'apporte également du support, des conseils et préconisations aux utilisateurs. 

Mon métier est donc à la fois technique et pédagogique ; il nécessite de l’écoute et la mise à jour constante des compétences techniques. 

  • Anne-Sophie Didelot

Mon métier en englobe beaucoup d’autres : manager d’équipe, stratège, rédactrice, organisatrice de réunions, cheffe de projets, etc. J’aime cette diversité ! C’est une fonction qui me permet également de rencontrer beaucoup de personnes de milieux et de nationalités variés et comme je pense que l’on s’enrichit au contact des autres, j’estime que c’est une vraie chance. Porter la bonne parole féministe est aussi une mission qui m’anime : les femmes peuvent être ambitieuses et aider le monde, ce serait dommage de ne pas utiliser nos compétences ! 

Être une femme exerçant un métier scientifique, ça signifie quoi pour vous ?

  • Anne-Sophie Didelot

Le monde du travail est encore souvent dominé par les hommes et, en tant que femme, il faut redoubler d’efforts pour se faire une place… mais si vous construisez des relations de confiance et que votre travail est de qualité, je pense que vous serez bien intégrée. 

De nos jours, être une femme scientifique n’est plus si extraordinaire à mon sens, même si elles sont moins nombreuses dans les cursus scientifiques de l’enseignement supérieur. Cela nous permet néanmoins de nous différencier et de sortir du lot : il faut en faire une force !

Par contre, être une femme dirigeante d’entreprise dans l’univers des drones, c’est moins commun… et j’en ai fait un avantage. Dans les événements qui rassemblent les (nombreuses) entreprises de la filière drone, on m’a nommée "Madame Drones" : l’identité d’ALERION s’est donc aussi construite autour de la femme que je suis et j’en profite ! 

  • Nathalie Flammang

Durant mes études en biologie, il y avait presque la parité femmes/hommes. Si dans le monde du numérique, les femmes sont sous-représentées, surtout chez les ingénieurs, la question de genre ne se pose pas vraiment dans mon environnement de travail. La force d’une équipe réside dans la diversité des qualités de ses membres et dans la mixité, même s'il faut avouer que je ne comprends pas toujours l’humour geek de certains de mes collègues masculins ;-)

  • Serena Ivaldi

On me fait souvent remarquer que très peu de femmes travaillent dans le domaine de la robotique mais cela n’est pas important. Ce qui m’importe, c’est de me lever chaque matin avec l'envie de donner le maximum. J’espère que mon exemple encouragera d’autres femmes à faire ce qu’elles veulent, sans écouter ceux qui prétendent que « Ce n’est pas pour les femmes » !