Marc Pouzet : Prix de l’Innovation Inria - Académie des sciences - Dassault Système

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Mis à jour le 18/03/2020
Récompensé par le Prix de l’Innovation Inria - Académie des sciences - Dassault Systèmes, Marc Pouzet est un spécialiste des langages synchrones. Ses recherches portent sur la conception, la sémantique et l’implémentation de langages de programmation pour mettre en œuvre des systèmes embarqués. Ses travaux ont notamment permis le développement de SCADE KCG 6, langage et environnement utilisés pour réaliser les logiciels critiques dans les avions et les trains.

« J’ai découvert l’informatique un peu par hasard, à la fin des années 1980. Je n’étais pas du tout ce qu’on appelle un “geek”. Je n’avais pas d’ordinateur chez moi. » Attiré par les matières scientifiques, Marc Pouzet se voit bien ingénieur sans avoir d’idée très arrêtée. Après des études de sciences à l’université de Lyon, il se porte candidat au Magistère en Informatique tout juste inauguré à l’ENS-Lyon. Très vite, il se passionne pour cette discipline qui mêle l’abstrait et le concret, la recherche fondamentale et la modélisation. Son intérêt croît encore à la lecture des ouvrages de Douglas Hofstadter sur les questions de calculabilité et les langages de programmation. « J’étais fasciné par cette idée de réfléchir et de construire un programme ou de réaliser des objets virtuels avec pour seul outil un écran d’ordinateur.  » 

Marc Pouzet
© Inria / Photo G. Scagnelli
© Inria / Photo G. Scagnelli

Une carrière faite de rencontres

Marc Pouzet découvre la recherche en programmation à l’occasion d’un stage au laboratoire Paris Research Lab (PRL) de Digital Equipment Corp. Une première expérience qui le convainc de poursuivre ailleurs ses découvertes. Il quitte Lyon pour suivre le DEA d’informatique fondamentale de l’université Paris VII. Il fera son stage de recherche avec Jean-Jacques Lévy, alors responsable Inria de l’équipe-projet Para, puis, sous la direction de ce dernier, son doctorat, au centre de recherche Inria Paris-Rocquencourt. « Ma carrière s’est jouée sur une suite de décisions, comme celle d’aller à Paris puis à Grenoble, mais aussi de rencontres et d’occasions que j’ai su saisir. » Autre rencontre importante : celle de Paul Caspi du laboratoire Verimag, à Grenoble où il fait son stage postdoctoral. Paul Caspi s’intéresse aux extensions du langage synchrone Lustre, inventé avec Nicolas Halbwachs quelques années auparavant. Langage qui débouchera sur l’environnement SCADE utilisé pour développer le logiciel de commande de vol des Airbus.

Collaboration fructueuse entre chercheurs et ingénieurs

Les langages de programmation fascinent Marc Pouzet car ils concentrent des questions d’informatique fondamentale et débouchent sur des applications concrètes et visibles.

En 2000, il rencontre Jean-Louis Colaço, responsable du compilateur de SCADE chez Verilog. « Au fil du temps, notre relation est devenue de plus en plus étroite : nous expérimentions nos idées et nous les publiions dans des articles de recherches. Cette collaboration est toujours d’actualité et s’est enrichie avec l’arrivée de Bruno Pagano.  Elle m’a appris que la frontière entre le chercheur et l’ingénieur était poreuse et source de richesse pour la science : j’apprenais d’eux autant qu’ils apprenaient de moi. »

L’aventure intellectuelle et scientifique continue quand Marc Pouzet rencontre Gérard Berry, un des pionniers de la recherche sur les langages synchrones et directeur scientifique de la société Esterel Technologies. En s’appuyant sur l’ensemble des travaux menés jusqu’alors, la startup élabore en 2006 un compilateur entièrement nouveau, appelé SCADE-6. C’est le succès dont Marc Pouzet avoue être le plus fier :« SCADE est désormais utilisé par plus de 250 compagnies aériennes, dans des applications critiques très variées, allant des commandes de vol, des interfaces graphiques pour la gestion des alarmes, du contrôle moteur au freinage des avions. »

Recherche et applications pratiques

Si Marc Pouzet se félicite d’avoir vécu « des aventures scientifiques exaltantes » , il admet aussi avoir fait face à des déceptions. Il se souvient de son passage chez Philips/NXP à Eindhoven (Pays-Bas) où il travaille sur la télévision à haute définition. La possibilité de travailler dans le« saint des saints » de la recherche appliquée représente pour lui une opportunité formidable. Mais la crise de 2008 est passée par là. Le département logiciel d’NXP ferme et l’aventure s’arrête brusquement. « On prend des risques, on a de l’ambition, des espoirs… mais on ne maîtrise pas tout. »

L’essentiel pour Marc Pouzet, qui dit « s’être bien amusé », est de ne jamais perdre de vue l’impact de la recherche sur des applications concrètes. Aux jeunes qu’il encadre, il rappelle qu’il est important « d’être guidé par des considérations d’applications pratiques  ».

Pour autant, Marc Pouzet tient à distinguer les rôles de l’ingénieur et du chercheur. Le chercheur peut développer des recherches fondamentales sur des sujets issus de l’industrie. En collaborant étroitement avec cette dernière, il peut publier des résultats de recherche ou écrire un logiciel prototype. Ce Prix de l’Innovation, c’est aussi pour lui un message pour les jeunes chercheurs : « leurs recherches peuvent avoir un impact réel sur le développement du domaine dans lequel ils travaillent et être reconnues car il y a là un véritable transfert de compétences ou de connaissances ».

Bio express

  • 1994 - Soutenance doctorat en informatique à l’Université Paris 7 sous la direction de Jean-Jacques Lévy ;
  • 1996 - Maître de conférences en 1996 à l’Université Pierre-et-Marie-Curie ;
  • 2005 - Professeur à l’Université Paris-Sud ;
  • 2007-2012 - Membre junior de l’Institut Universitaire de France ;
  • Professeur de l’université Pierre-et-Marie-Curie, à l’École normale supérieure ;
  • Responsable de l’équipe-projet Parkas chez Inria.

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