Comment êtes-vous arrivée dans le milieu de la recherche ?
Pendants mes études, il m'arrivait de choisir exprès de traverser les couloirs des labos pour me rendre vers mes salles de cours. L'ambiance qui se dégage de ces grandes enfilades de bureaux, de salles de séminaire, d’installation d’expériences, me fascine encore. Cela a pris un peu de temps avant que le mot "recherche" fasse sens pour moi en tant que métiers. Mais deux stages de formation à la recherche plus tard, j'avais envie de franchir une de ces portes de labos (grandes ouvertes le plus souvent d'ailleurs), m’installer à une table et me plonger dans des maths. On appelle encore cela faire une thèse. J'aimais les maths, l'analyse surtout, et coder les ordinateurs. Au moment de démarrer une thèse, j'ai eu la chance de pouvoir choisir entre deux sujets, et deux labos. Curieusement, le thème applicatif était le même, et portait sur l'analyse d'algorithme de calcul en mécanique des fluides. Mais les méthodes de construction des algorithmes étaient "déterministes" pour l'une et "stochastiques" pour l'autre. J'ai choisi l'analyse stochastique et me suis formée à ces mathématiques pendant ma thèse.
Quels sont vos axes de travail, aujourd'hui ?
La modélisation stochastique et les probabilités numériques sont des outils pour prédire et décrire certains phénomènes. Ces domaines ont connu un fort développement depuis l'époque de ma thèse, s'ouvrant à des champs applicatifs variés (écologie, dynamique des populations, finance, neuroscience, et bien d’autres encore). J'ai participé à ce mouvement, mais depuis quelques années, je reviens vers la mécanique des fluides complexes. Les enjeux scientifiques à relever mobilisent la combinaison de la modélisation en physique à différentes échelles spatiales et temporelles et de "bons" algorithmes mathématiques pour simuler ces modèles stochastiques, les analyser, les valider puis les exploiter.
Quels sont vos objectifs/ambitions à long terme ?
Il y a moins de six mois, avec des collègues nous avons démarré une nouvelle équipe Inria sur ce thème de la modélisation stochastique en mécanique des fluides complexes (Calisto). Mon ambition aujourd’hui est de mettre tout en œuvre pour réaliser notre programme de recherche, et voir le calcul scientifique issu de ces recherches contribuer à de grands enjeux comme la gestion de polluants par particules fines dans notre environnement.