Un article primé à la conférence EuroSys

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Mis à jour le 08/04/2021
En avril dernier Julia Lawall et Gilles Muller (équipe-projet Whisper) ont été primés lors de la conférence EuroSys pour un article écrit… il y a dix ans. Explications.
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Récompenser un bon article scientifique, c’est bien… Mais récompenser un bon article scientifique qui laisse une trace durable dans sa communauté de chercheurs et dans la "vraie vie", c’est au moins aussi intéressant ! C’est du moins le parti pris suivi depuis deux ans par la conférence EuroSys à travers le mécanisme Test of Time Award qui valorise des papiers soumis dix ans auparavant. Pour cette 12e édition qui s’est tenue à Porto du 23 au 26 avril derniers ce sont donc des articles de 2008 qui ont été passés en revue.

Et le choix du comité de pilotage d’EuroSys s’est finalement porté sur un papier intitulé « Documenting and Automating Collateral Evolutions in Linux Device Drivers » rédigé par un quatuor de chercheurs et chercheuses de nationalités française et danoise parmi lesquels figuraient Gilles Muller et Julia Lawall. « Pour décerner son Time Award le comité de pilotage s’est concentré sur deux critères, résume Gilles Muller. Le premier élément porte sur la contribution scientifique des travaux : nombre de citations, approfondissements par d’autres chercheurs… Le second volet concerne, lui, l’applicabilité des recherches mises en avant dans le papier. Et c’est sans aucun doute sur cet aspect que nous avons fait la différence ! »

Coccinelle : une ladybug pour la chasse aux bugs

« Notre article était centré sur un outil que nous avions développé dans le cadre d’une collaboration entre l’École des mines de Nantes et l’université de Copenhague, explique Julia Lawall. Baptisé Coccinelle, cet outil avait l’ambition de permettre aux développeurs Linux de rédiger eux-mêmes leurs propres règles de recherches de bugs et d’évolutions du code C à l’aide de  patterns apparentés à ce même code C. À la clé : des opérations de modifications automatisées, plus rapides et plus fiables. » Très novateur lors de la rédaction de l’article, Coccinelle n’a rien perdu de sa portée en une décennie d’existence.

« Aujourd’hui le noyau Linux compte quinze millions de lignes de code C… Il n’est plus envisageable d’intervenir manuellement ! Des outils comme celui que nous avons développé sont devenus proprement indispensables », remarque Gilles Muller. Coccinelle affiche d’ailleurs une belle santé, avec 4500 patches à son actif et un terrain de jeu qui s’étend au-delà des frontières de l’univers Linux.


D’une conférence à l’autre

Après avoir rejoint Inria en 2009 et 2011 – « grâce aux travaux menés sur Coccinelle » – , Gilles Muller et Julia Lawall poursuivent aujourd’hui leur collaboration au sein de l’équipe Whisper dont le cœur d’activité porte sur le développement de méthodologies, de langages et d’outils pour aider à la conception de systèmes d’exploitation.

« Et Coccinelle occupe toujours une place décisive dans nos travaux. C’est une véritable plate-forme pour nos recherches », affirme Gilles Muller qui salue au passage la contribution des ingénieurs d’Inria Paris dans la maintenance de l’outil.  Ravis de ce Test of Time Award d’EuroSys, le chercheur et la chercheuse ont un autre sujet de satisfaction : un nouvel article, consacré cette fois aux dix ans de Coccinelle, vient d’être accepté pour publication à l’occasion de la prochaine édition de l’Usenix Annual Technical Conference qui se tiendra à Boston du 11 au 13 juillet prochains.