Un service d'analyse d'images pour l'agriculture

Date:
Mis à jour le 23/11/2023
Les abricots sont-ils mûrs ? Les courges sont-elles menacées par des insectes ? Toutes les vaches ont-elles eu leur part de fourrage ? Autant de questions qui exigent un déplacement de la part de l'agriculteur ou l'agricultrice.
Née de travaux en vision robotique au centre Inria Rennes – Bretagne Atlantique, une start-up, Dilepix, s'apprête à proposer un service en ligne d'analyse d'images pour automatiser cette surveillance et amener de précieux gains de temps.
Illustration agriculture
Photo Mickael Tournier via Unsplash, CC0

En breton, Lagadic signifie "petits yeux" . C'est aussi le nom d'une équipe scientifique dont les algorithmes donnent la vue à des instruments médicaux, des drones, des fauteuils roulants ou encore des engins spatiaux. Bientôt, ses résultats de recherche vont trouver une application dans le domaine de l'agriculture.

Ingénieur pendant cinq ans dans cette équipe, Aurélien Yol peaufine un projet de création d'entreprise soutenu par InriaHub, le dispositif de maturation des startups issues des travaux de recherche menés à l'institut.

« Pourquoi je m'intéresse à l'agriculture ? Parce que c'est un secteur en pleine transition numérique pour lequel nos technologies de vision présentent un gros potentiel. Dans les élevages, des caméras observent déjà le bétail. Ce qui permet de vérifier qu'en zone de stabulation, chaque animal accède correctement à sa part de nourriture. Des systèmes de surveillance commencent aussi à se déployer dans les champs pour observer l'état des récoltes ou détecter la présence de ravageurs. Nous avons, par exemple, un partenaire qui commercialise des caméras situées dans des pièges à insectes. Ces boîtiers sont équipés d'une carte réseau. Les images terminent sur l'ordinateur de l'exploitant ou exploitante. Ce qui lui évite d'avoir à se déplacer. C'est un gain de temps important. » Finie la tournée d'inspection quotidienne au fin fond des champs.

« Mais les agriculteurs et agricultrices aimeraient aussi faire l'économie du temps passé à consulter les écrans pour savoir s'il y a des problèmes à résoudre. Et c'est là que nos technologies peuvent les aider. Nous allons fournir un système d'analyse d'images qui va travailler de façon automatique et informer l'exploitant ou exploitante. Il pourra s'agir de signaler et quantifier la présence d'insectes dans les pièges, mais aussi de s'assurer que le bétail s'alimente correctement ou que les fruits sont mûrs pour la récolte. Nous utilisons des algorithmes qui effectuent de l'apprentissage sur les données. De cette façon, nous pourrons adapter l'outil aux spécificités des différentes cultures et aux besoins particuliers des filières. »

Pour les agriculteurs et les agro-équipementiers

Cette brique d'analyse d'images s'adresse aux exploitants et exploitantes, aux coopératives de producteurs et productrices, mais aussi aux agro-équipementiers.  
« Elle peut venir compléter le service que proposent déjà les concepteurs de solutions hardware. L'une de nos réflexions nous amène même à envisager de faire de l'analyse embarquée. Dans les pièges à insectes, par exemple, nous pourrions greffer une carte supplémentaire ou utiliser directement les ressources de calcul de la carte qui fait déjà fonctionner la caméra. »  
Aurélien Yol travaille d'ailleurs actuellement à l'élaboration d'une preuve de concept avec un fabricant de matériel. « Il s'agit de mettre en place un service d'analyse sur une première vraie problématique de terrain de façon à pouvoir tester cette technologie en conditions réelles. »

Autre sujet à l'étude : la définition du modèle économique.  
« Les services de drones se rétribuent au pro rata des surfaces observées. Les concepteurs de caméras connectées facturent plutôt au nombre de machines installées. Une autre façon de fonctionner consiste à prendre en compte le volume d'images analysées, tout en sachant que la surveillance du bétail est une action permanente alors que les récoltes, elles, ne nécessitent que des images ponctuelles. » À cela s'ajoute le fait que « la plupart de ces activités présentent une très forte saisonnalité dont il faudra aussi tenir compte. »  

À propos de calendrier, quel est celui de l'entreprise ? « La création devrait intervenir à la fin de l'année. J'ai désormais un associé, Alban Pobla, dont le profil est plus commercial. Nous procéderons probablement à une levée de capitaux au printemps suivant. »