Machine learning

Une plate-forme d’entraide entre expatriés

Date:
Mis à jour le 15/04/2021
Le confinement généralisé des populations durant l’épidémie de Covid-19 a souvent été difficile à vivre. Pour les expatriés, loin de leurs proches et de leurs repères, la situation était d’autant plus compliquée. C’est pourquoi Benjamin Guedj, chercheur Inria en machine learning résidant à Londres, a créé une plate-forme d’entraide entre expatriés, en utilisant des compétences de traitement de données et d’automatisation. Suite au succès londonien, cette plate-forme a généré des centaines de mises en relation des communautés françaises à travers le monde, des États-Unis au Sénégal, en passant par l’Islande, la Guinée ou l’Australie.
trois personnes devant un écran
© Inria / Photo C. Morel

Quelle est la genèse de votre projet ?

Patricia Connell (Française expatriée à Londres depuis de nombreuses années, et déléguée consulaire de la troisième circonscription d’Europe du Nord depuis 2014) et moi avons échangé régulièrement au début du confinement, et avons été frappés par l’isolement de beaucoup de Français de Londres. Le confinement a pesé sur beaucoup, mais être expatrié (et donc loin de ses proches et parfois de ses repères, pour les plus récemment arrivés) n’aide pas, en particulier les plus fragiles.

« Il fallait agir, faire quelque chose de concret. On savait qu’il existait une demande, mais on ne savait pas laquelle. On s’est donc dit que ce serait intéressant de dresser une liste des personnes de plus de 65 ans à qui on pourrait proposer une aide si besoin. On s’est ensuite demandé comment on allait identifier les personnes et leur envoyer un message, à eux mais aussi aux plus jeunes qui pourraient apporter leur aide. Et puis, on s’est dit que peut-être ces jeunes souhaiteraient aussi un soutien. »

Patricia Connell, Déléguée consulaire 

 

Nous avons eu l’idée d’une plate-forme d’entraide pour mettre en relation les personnes ayant besoin d’aide et celles pouvant en offrir (prendre des nouvelles, apporter des courses, acheter des médicaments, etc.). Par ses fonctions au Consulat, Patricia Connell pouvait contacter rapidement l’ensemble des Français inscrits sur les listes consulaires ; mes compétences en traitement de données permettaient d’automatiser la mise en relation. Nous avons ainsi créé un questionnaire, dont les réponses étaient automatiquement traitées pour identifier les besoins, l’offre, et faire le matching optimal. Le projet d’entraide entre expatriés était né !

« On a eu plus de gens qui voulaient aider que de gens qui demandaient à être aidés. J’ai trouvé ça extraordinaire, j’étais presque en pleurs de voir toute cette solidarité entre Français du Royaume-Uni. »

Patricia Connell, Déléguée consulaire 

Porteurs : Patricia Connell, Déléguée consulaire, et Benjamin Guedj, chercheur au sein de l’équipe-projet Modal

Partenaire : Ambassade de France en Grande-Bretagne

#IA #données #machinelearning

 

Comment se développe-t-il aujourd'hui et quels sont ses objectifs ?

Suite au succès de l’initiative auprès de la communauté française de Londres (qui comporte plusieurs centaines de milliers de personnes), Patricia Connell a eu la gentillesse de partager son réseau avec moi et a défendu notre travail auprès de plusieurs représentants des communautés de Français expatriés dans une douzaine de pays. Plusieurs milliers de réponses aux questionnaires, et des centaines de mises en relation dans plusieurs pays, entre personnes ayant besoin d’aide et personnes pouvant en offrir (soutien logistique, moral lors du confinement) : le bilan a largement dépassé nos espoirs initiaux. Le déconfinement partiel qui s'engage dans certains pays rend progressivement la plate-forme obsolète : elle était conçue pour répondre à l’urgence de l’isolement. Mais nous espérons pouvoir transformer l’essai et pérenniser les structures de solidarités qui se sont mises en place : à Londres, nous organiserons après l’été (si le déconfinement est permis au Royaume-Uni) plusieurs événements pour rassembler les citoyens qui ont contribué.

Comment travaillez-vous avec vos partenaires ?

J’ai depuis plus de douze ans plusieurs engagements politiques, associatifs et militants : j’ai donc été très à l’aise pour échanger avec mes différents interlocuteurs (responsables d’associations de bienfaisance, élus, candidats aux élections consulaires [qui auraient dû se tenir en mai 2020 et qui ont été repoussées à mai 2021, le 27 mai 2020]…) J’ai tout de suite expliqué comment fonctionnait mon programme et quelles données étaient nécessaires : tous ceux avec qui j’ai eu la chance d’échanger ont bien intégré ces contraintes techniques.