Wendy Mackay : L’interaction humain-machine en ligne de mire

Nom de code du projet : CREATIV, au cœur duquel figurent la créativité et la coadaptation humain-machine  (Creating Co-Adaptative Human-Computer ). « Cette bourse de l’ERC est attribuée à un chercheur pour mener des recherches à risque » rappelle Wendy Mackay, soulignant que ce financement donne la possibilité de mener des travaux dont les résultats ne sont pas assurés et permet ainsi au chercheur de mener à bien un « vrai projet » sans se préoccuper perpétuellement de son financement.

L’interface graphique utilisateur (GUI)

Travaillant depuis vingt-cinq ans sur le sujet de l’interaction humain-machine, Wendy Macquay affiche sa conception : « il faut exploiter les capacités des ordinateurs tout en les rendant plus cohérents avec les modes de fonctionnement des êtres humains » . Selon elle, les interfaces actuelles sont très efficaces si l’on a peu d’informations à gérer (comme c’était le cas il y a trente ans), mais elles deviennent chaotiques lorsque le nombre de ces informations devient trop abondant. De plus les interfaces des logiciels sont en permanence en train de changer, et ne sont pas adaptées aux usages actuels. « L’idée est de personnaliser l’interaction pour pouvoir utiliser une même fonction dans différentes situations  même lorsque cela n’est pas prévu par le logiciel » explique-t-elle. Par exemple, pour changer la couleur d’un objet (texte, dessin, photo, etc.) il faut actuellement utiliser le système inhérent à chaque application. L’objectif est d’aboutir à une fonctionnalité universelle qui permettrait à chaque utilisateur de choisir son sélecteur de couleur préféré et de l’utiliser dans n’importe quel logiciel. Chaque utilisateur pourrait ainsi adapter l’interaction à ses besoins, à l’instar de l’artiste graphiste professionnel qui tantôt souhaite utiliser peu de couleurs pour colorier rapidement tantôt au contraire doit disposer pour certaines réalisations d’une large gamme de possibilités.

In fine, nous cherchons à séparer les données (telles que les photos ou les vidéos) des applications en tant que telles, pour aboutir à un système d’interaction avec des données partagées

précise la chercheuse, notant que cela donnera une plus grande liberté à la créativité des utilisateurs.

Grâce à la bourse ERC, elle va pouvoir s’entourer de thésards, postdocs et chercheurs senior pour un démarrage en mai 2013. Au-delà du projet scientifique lui-même, la bourse lui permettra de donner une meilleure visibilité au domaine de l’interaction humain-machine, en France et en Europe.