Pourquoi avoir choisi la France, et plus particulièrement Inria, pour votre doctorat ?
La raison était purement scientifique ! La France, par le biais d'Inria, est pionnière dans le domaine que j'ai étudié pendant mon cursus en Inde. Mon mémoire de master portait sur la rationalisation des algorithmes pour une exécution plus efficace dans les ordinateurs multiprocesseurs, en utilisant un cadre mathématique spécifique appelé "modèle polyèdre".
Lorsque j’ai appris que Philippe Clauss, d’Inria Nancy - Grand Est, cherchait à accueillir un nouveau doctorant dans son équipe à Strasbourg, je n'ai pas hésité une seconde, j’ai postulé. C’était le doctorat de rêve !
Vous ne parliez pas français : la langue a-t-elle représenté une barrière ?
Pas du tout ! Ces trois ans en France ont vraiment été incroyables. Je me suis toujours senti le bienvenu, aussi bien au sein du laboratoire qu’en dehors. Dans mon équipe, l'équipe Camus, basée à Strasbourg dans le laboratoire ICube (laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie ), tout le monde parlait anglais. Mes collègues étaient extrêmement bienveillants et parlaient toujours anglais en ma présence, et même entre eux. J’ai tout autant apprécié la vie en dehors du laboratoire. J'ai vraiment adoré la ville, surtout l'architecture, la nourriture et la culture. J’ai trouvé le parfait équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Qu'avez-vous étudié pendant votre doctorat ?
Le titre exact de ma thèse était « Au-delà des limites du modèle polyédrique : en combinant la parallélisation spéculative de programmes et la compilation polyédrique ». Pour faire court, j'ai développé de nouveaux processus automatiques pour paralléliser les programmes en utilisant le modèle polyédrique et la parallélisation spéculative. Ces processus se révèlent nécessaires en raison de l'évolution récente de l'architecture informatique : alors que les ordinateurs ne comptaient qu’un seul processeur qui n’exécutait que des calculs séquentiels (l'un après l'autre), ils contiennent désormais plusieurs processeurs qui fonctionnent en parallèle, exécutant ainsi plusieurs calculs en même temps. Les programmes doivent évoluer pour pouvoir fonctionner efficacement sous cette nouvelle architecture et exploiter au mieux la parallélisation. Le professeur Philippe Clauss, l'un des meilleurs au monde, a été mon directeur de thèse.
Dans le cadre de mon doctorat, j’ai principalement contribué au cadre APOLLO (Automatic speculative POLyhedral Loop Optimizer) qui est un compilateur automatique combinant la parallélisation spéculative et le modèle polyédrique, afin d'optimiser les codes à la volée. APOLLO surveille le comportement du programme (par exemple, les adresses mémoire accessibles) pendant son exécution et utilise ces informations pour construire dynamiquement un modèle polyédrique spéculatif qui décrit ses nombreuses tâches. En se basant sur ce modèle, APOLLO peut prédire de bonnes transformations de code comme celles assurant une parallélisation et un loop tiling efficaces. Comme les optimisations sont spéculatives, APOLLO surveille ensuite l'exécution du programme afin de s'assurer que le résultat prévu est valide.
Dans le cadre de cette thèse, j'ai également étendu le modèle polyédrique aux codes exhibant un comportement non linéaire. Cette approche a également permis l'application de transformations polyédriques à des codes non linéaires.
Dans quelle mesure votre doctorat a-t-il été un tremplin pour votre carrière ?
Toutes les compétences acquises au cours de mon doctorat ont été cruciales pour ma carrière. Comme je vous le disais, les Français, et plus particulièrement le professeur Philippe Clauss, sont des pionniers de l'informatique parallèle. En étudiant dans cet environnement, j'ai pu acquérir de solides connaissances sur le modèle polyédrique et l’informatique parallèle. En plus de ces compétences techniques, j'ai vraiment pu affiner mes compétences intellectuelles et de recherche en discutant et en analysant les problèmes avec mes collègues chevronnés d'Inria.
Grâce à Inria, j'ai également eu l'occasion de participer à des universités d'été, une expérience qui s’est révélée inspirante et motivante. Elles m'ont permis à la fois d'établir des liens avec des personnes issues de mon secteur et d’universités du monde entier, et de perfectionner mes compétences dans le domaine du calcul haute performance grâce à des technologies de pointe. Enfin, dans le cadre de mon doctorat, j'ai également présenté mes travaux à plusieurs conférences internationales comme HiPEAC, IPDPSW et RV.
Je suis convaincu que l'ensemble de ces facteurs a joué un rôle déterminant dans la poursuite de ma carrière dans des universités américaines.
Comment envisagez-vous votre travail à l’université d'État de Washington ?
Mon poste de professeur adjoint à l'université d'État de Washington débute en août 2019. J'envisage de poursuivre mes recherches en informatique parallèle, en calcul haute performance et en informatique hétérogène pour les appliquer à l'apprentissage machine et au calcul scientifique, mais aussi de lancer des projets sur l'informatique quantique.
L'université d'État de Washington a d'excellents professeurs qui entretiennent des liens étroits avec le Pacific Northwest National Lab (PNNL), laboratoire avec lequel j'ai déjà travaillé. Dans la mesure où j'aimerais poursuivre ma collaboration avec ce laboratoire, mon poste à l'université d'État de Washington devrait m'aider dans ce sens et me permettre d'obtenir plus facilement des projets financés. Je serai également chargé de "tutorer" des étudiants en Master et en doctorat.
Dans tous les cas, je poursuivrai ma collaboration actuelle avec le professeur Philippe Clauss (Inria Nancy - Grand Est) et Fabrice Rastello (Inria Grenoble Rhône-Alpes) pour améliorer la performance des calculs creux et des modélisations des performances. J'espère que nous trouverons également des fonds pour prolonger APOLLO et d'autres projets de calcul haute performance.
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