Révolution et transition. Penser l'écologie à l'aune du travail
Les discours dominants en écologie insistent sur le rôle de la consommation et des techniques pour faire face aux conséquences du désastre environnemental. Consommation raisonnée, tri des déchets, circuits courts et bio, industries vertes, technologies de capture du carbone, voire géo-ingénierie planétaire apparaissent fréquemment comme des slogans de la transition écologique.
Dans cette conférence, Paul Guillibert cherchera au contraire à montrer que les mots d'ordre consumériste et techno-solutionniste conduisent à dépolitiser la question écologique.
La consommation raisonnée interpelle les individus en "sujets consommateurs" et non en "sujets politiques". De son côté, l'idéal technicien prive les individus de tout pouvoir d'agir puisque seuls les ingénieurs et les entreprises qui les emploient disposeraient des savoirs techniques nécessaires à la réorientation de l'appareil productif. Pourtant, la crise écologique témoigne de la centralité d'un mode de production orienté vers le profit dans l'histoire récente de nos rapports à la nature. Dans la mesure où l'exploitation est l'une des manifestations de la dynamique destructrice du capitalisme, les luttes du travail prennent une dimension écologiste. La critique de l'écologie politique vise à identifier les rapports de domination qui structurent la reproduction du désastre environnemental. Elle permet également d'identifier les forces sociales capables de porter des écologies d'émancipation.
Dans cette conférence, il s'agira donc d'abord d'interroger la dimension politique de l'écologie et des pensées qui s'en réclament puis d'étudier le lien entre exploitation et écocide et de proposer in fine quelques pistes de réflexion pour élaborer de nouvelles stratégies d'émancipation à l'âge de l'Anthropocène.
Paul Guillibert est chargé de recherche au CNRS - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ISJPS-UMR 8103). Ses travaux développent une écologie politique marxiste à partir d'une philosophie sociale de l'environnement.
Il est l'auteur de Terre et capital. Pour un communisme du vivant (Editions Amsterdam, 2021) qui propose une relecture écologique de la pensée marxiste à partir d'une étude des formes de propriété de la terre et de Exploiter les vivants. Une écologie politique du travail (Editions Amsterdam, 2023), ouvrage dans lequel il montre la centralité des formes d'exploitations du travail dans l'histoire de l'écocide.