La compréhension du cerveau représente l'une des ultimes frontières des sciences modernes. C'est une tâche tellement complexe qu'aucune discipline ne peut la mener à bien seule. Cela nécessite une collaboration entre scientifiques de différentes disciplines et un maximum d'interactions avec des personnes d'horizons les plus divers.
Pouvez-vous nous retracer les grandes lignes de votre parcours jusqu'à aujourd'hui ?
J'ai commencé à coder dès l'âge de huit ans en Argentine. Poussé par cette passion, j'ai suivi des études d'informatique jusqu'au master à l'université de Buenos Aires, qui compte parmi les plus éminentes d'Amérique latine. Puis j'ai commencé une thèse sur l'imagerie médicale en Argentine, mais tout de suite après, j'ai trouvé un stage chez Inria au sein de l’équipe-projet Odyssée sous la supervision de Rachid Deriche. J'y ai finalement fait ma thèse sur le développement de méthodologies pour représenter et caractériser la neuroanatomie.
Après ma thèse, j'ai éprouvé le besoin de me rapprocher du terrain, je suis donc allé à la Harvard Medical School, plus précisément au Brigham and Women’s Hospital. Là-bas, j'ai découvert un groupe formidable d'excellents chercheurs comme C.F. Westin, W.M. Wells et N. Makris. J'y suis resté un peu plus de trois ans, et c'est durant cette période que les concepts initiaux du projet que j'ai ensuite présenté à l'ERC ont commencé à émerger.
En 2014, un peu moins de quatre ans après ma thèse, j'étais de retour à Inria en tant que chercheur titulaire au sein de l'équipe-projet Athena. Dès le début, j'ai coencadré des étudiants, travaillé sur des projets existants et développé de nouveaux projets. j'ai également consolidé mes collaborations avec des experts du domaine cognitif et clinique en France et dans le monde entier.
Sur quoi portent vos recherches actuelles chez Inria ?
Mes recherches sont axées sur la neuroanatomie computationnelle. Je travaille sur un large spectre de problématiques couvrant le développement de modèles mathématiques pour les tissus et la structure du cerveau, leur ajustement avec les données d'imagerie par résonance magnétique (IRM), et l'utilisation de ces modèles pour comprendre la cognition. Cela englobe la modélisation mathématique et computationnelle du cerveau. Plus précisément, cela implique la conception et la réalisation d’expériences avec des appareils IRM sur des sujets humains et animaux, ainsi qu’une collaboration avec des médecins et des neuroscientifiques cognitifs afin de concevoir des expériences et méthodes destinées à explorer la cognition et la fonction cérébrale.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce domaine de recherche ?
Je pense que la compréhension du cerveau représente l'une des ultimes frontières des sciences modernes. En outre, c'est une tâche tellement complexe qu'aucune discipline ne peut la mener à bien seule. Cela nécessite une collaboration entre scientifiques de différentes disciplines et un maximum d'interactions avec des personnes d'horizons les plus divers.
Quelle est l’originalité de votre approche ?
Pendant de nombreuses années, la neuroanatomie computationnelle s'est attachée à modéliser le cerveau au niveau de sa géométrie et à trouver des équivalences géométriques entre sujets et espèces. Je travaille sous un angle différent mais complémentaire : le codage des connaissances actuelles du cerveau en tant qu'ensemble de constructions mathématiques pouvant être évaluées pour analyser l'anatomie et le comportement du cerveau. Pour faire court, je formalise le langage des neuroanatomistes et des scientifiques cognitifs sous forme de logiques et de mathématiques formelles, puis j'utilise ces formalisations pour analyser le cerveau réel.
Quel est le sujet du projet pour lequel vous avez obtenu cette bourse "jeune chercheur" de l'ERC ?
Mon projet porte sur la formalisation des connaissances anatomiques actuelles en un langage dédié (DSL).
Que représente pour vous cette bourse ? Comment allez-vous utiliser ce financement ?
Recevoir cette bourse m'offre la possibilité de bâtir une équipe et d'encourager des collaborations afin de concrétiser la vision d'une formalisation du langage neuroanatomique.
Quels conseils pourriez-vous donner à ceux qui veulent décrocher une bourse ERC ?
Faites-vous aider !
Mobilisez vos collaborateurs et vos collègues, ils peuvent vous aider dans la conception et la présentation de votre projet !