Relever les défis et enjeux de l’éducation au numérique et par le numérique
La crise sanitaire aura donné un coup de projecteur inattendu sur leurs travaux… De mi 2019 à novembre 2020, des chercheurs des équipes-projets d'Inria et d'organismes partenaires ont analysé l’impact du numérique comme vecteur de transformation éducative. Synthétisés dans le livre blanc Éducation et numérique : défis et enjeux publié ce 10 décembre, leurs travaux nourrissent aujourd'hui les réflexions engagées par les États généraux du numérique pour l'éducation, une consultation lancée en juin par le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. À travers plus de 130 pages, les auteurs du livre blanc soulignent notamment l'importance du "lien entre apprentissage de l’informatique et l'éveil à la pensée critique" ainsi que les défis et enjeux qui se posent dans le domaine de l’éducation au numérique et par le numérique : souveraineté numérique et maîtrise des données d’apprentissage, formation des enseignants, réussite pour tous…
Au nombre de 7, les recommandations du livre blanc encouragent notamment le développement de nouvelles approches pédagogiques pour initier les jeunes à la pensée informatique (l’ensemble des notions et des méthodes utilisées explicitement en informatique pour représenter et résoudre des problèmes) et améliorer l'inclusion numérique pour mieux lutter contre le décrochage scolaire. Partagées avec les enseignants, ces ambitions se traduisent depuis plusieurs années par des initiatives concrètes de diffusion de la culture numérique en milieu scolaire comme les concours proposés en partenariat avec l’Éducation nationale et l'association France-IOI.
Castor : la compétition d'informatique avec plus de 700 000 jeunes participants
Dix ans déjà ! C’est en 2011 qu’était lancée la première édition française du concours international Castor qui se tient aujourd’hui dans 50 pays. Organisé chaque année en novembre par France-IOI, en partenariat avec l’ENS Paris-Saclay et Inria, Castor a mobilisé en 2019 quelque 700 000 participants. autour de tous les aspects de la culture informatique, à travers une approche ludique. « En tant qu’enseignante-chercheuse en informatique, il est important pour moi de contribuer à cette action pédagogique qui vise à donner aux jeunes une culture générale dans une discipline essentielle. En se familiarisant avec la pensée informatique, ils apprennent à résoudre des problèmes par eux-mêmes, tout en manipulant des concepts qui les aideront à comprendre comment fonctionnent les outils numériques du quotidien » explique Françoise Tort, maître de conférences à l’ENS Paris-Saclay, spécialiste de la didactique et coconceptrice de sujets Castor. D’une durée de 45 minutes, les épreuves de Castor comptent douze sujets interactifs comprenant trois problèmes de difficulté croissante (découverte, compréhension puis généralisation du concept abordé). Elles sont accessibles aux écoliers du cycle 3 comme aux collégiens et aux lycéens, sans acquis préalable en informatique.
« Depuis trois ans, je participe à l’élaboration des sujets de Castor en veillant à ce que leur formulation les rende faciles à comprendre par des collégiens. Ce concours est un outil de travail très intéressant car il donne goût à l’informatique de manière ludique, tout en répondant à un axe fort du programme de l’Éducation nationale lié à la promotion du numérique. En outre, il invite les filles à s’affranchir des préjugés selon lesquels l’informatique serait une discipline principalement réservée aux garçons. »
Vincent Sautereau
Enseignant en technologie au collège Pierre de Coubertin de Saint-Jean de Braye (45)
S’initier à la programmation et à la cryptographie avec Algoréa et Alkindi
Les élèves intéressés peuvent approfondir leur découverte de l’informatique et du numérique avec Algoréa, un autre concours axé sur la programmation et l’algorithmique utilisant les langages Scratch, Blockly ou Python. Enfin, avec le concours Alkindi, accessible à tous de la 4e à la 2nde, c’est une véritable initiation à la cryptographie qui leur est proposée. « Cette discipline méconnue est cruciale pour notre sécurité car elle est indispensable pour se protéger des attaques de hackers contre nos systèmes informatiques, notamment en matière de transactions bancaires et de protection de la vie privée », explique Arthur Charguéraud. Chercheur Inria, il consacre une partie de son temps de travail à la coconception de sujets Castor et teste des sujets des autres concours. Il est aussi vice-président de France-IOI et coorganisateur du Castor. « Je suis heureux de constater que 50 % des participants au concours Castor sont des participantes, observe-t-il. Le concours étant proposé par des professeurs, nous atteignons la parité filles-garçons dans les taux de participation, ce qui reste inégalé s’agissant d’un concours d’informatique. »
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