Industries du futur

Impression numérique : aller plus vite avec Paul Godard

Date:
Mis à jour le 29/06/2021
Sans la société Caldera, Paul Godard aurait choisi le Big Data mais il est devenu référent recherche pour l'entreprise d'Eckbolsheim. En décembre 2019, il soutenait une thèse Cifre et, un an plus tard, ses travaux sont publiés dans la revue IEEE TC. Pour l'entreprise d'édition de logiciels et le secteur de l'impression par jet d'encre, ses résultats sont « phénoménaux ». Voici le parcours de Paul Godard, entre science et industrie.

Un jeune docteur en informatique repousse les limites de l'impression numérique

 

Portrait de Paul Godard
©Caldera

Sur papier, textile, céramique ou stratifié, les usages de l'impression par jet d'encre sont variés et les clients nombreux. Les acteurs industriels de ce domaine doivent œuvrer vite et à moindre frais, leurs imprimantes sont soumises à des impératifs de qualité et de rapidité et le logiciel qui les pilote doit pouvoir suivre la cadence. « Ce sont des choses assez impressionnantes, commente Vincent Loechner, maître de conférences à l'université de Strasbourg, les impressions sur tissu font du 100 mètres à la minute et les programmes informatiques doivent envoyer des données pour générer différents plans de jets d'encre en respectant les contraintes de temps liées à la vitesse physique de l'imprimante. » Depuis 26 ans, Caldera édite des programmes informatiques pour ce secteur très spécifique. L'entreprise bénéficie du savoir-faire de l'équipe CAMUS, rattachée au centre Inria Nancy - Grand Est mais aussi de sa proximité géographique puisque basée à Strasbourg, au sein du laboratoire ICube.

En 2015, Paul Godard termine un master en informatique à l'université de Strasbourg et trouve un poste d'ingénieur là où il a effectué son dernier stage, chez Caldera. En juin 2016, sa thèse commence et avec elle un partage de son temps de travail entre industrie et recherche. Il a trois ans pour rendre la performance logicielle plus accessible et plus volatile pour des systèmes de haute disponibilité. L’impression industrielle fonctionne selon plusieurs modèles d’utilisation, présentant chacun des avantages et des inconvénients. C'est là que Paul a développé un dialogue efficace entre logiciel et machines. Bâtir un système réactif capable de s'adapter aux contraintes en temps réel dans un grand volume de données ? Paul a relevé le challenge. Patrick Zimmerman, directeur technique de Caldera ne retient pas son enthousiasme : « Les résultats sont bluffants ! »


« Penser autrement qu'un ingénieur qui résout les problèmes avec les outils du moment »

La transformation de matrice out of core : « Un problème très amusant »

Faire pivoter un volumineux fichier d'impression d'un quart de tour peut prendre de très longues minutes mais Paul Godard s'est attelé à réduire ce délai. En décembre 2020, la revue IEEE TC (Transactions on Computers) publie une partie de ses recherches sur la rotation et la transposition de matrice. Pour un chercheur comme Vincent Loechner, « c'est un problème très amusant : il faut écrire un programme super intelligent pour faire tourner des images bitmap qui sont trop lourdes pour être stockées dans la mémoire RAM. Ce travail out of core interdit de pouvoir lire tout le fichier d'un coup. Le papier de Paul est une publication dans un domaine où la dernière avancée significative remonte à une quinzaine d'années. »

 

Aujourd'hui, l'entreprise implémente progressivement différentes parties des recherches de Paul Godard dans une nouvelle architecture de calculs distribués. Cette thèse CIFRE est déjà un bon retour sur investissement. Ce dispositif de formation à la recherche depuis l'entreprise était fait pour Paul Godard : « Avec un parcours d'études supérieures initié par un DUT, j'ai toujours été proche de l'industrie. La thèse CIFRE, c'est une formule qui permet d'éviter de courir après une entreprise pour justifier ses recherches. » Il dit aimer réfléchir dans un cadre concret aux finalités visibles mais cette thèse lui a aussi donné du temps pour ouvrir de nouveaux chemins, pour se former à la recherche, pour « penser autrement qu'un ingénieur qui résout les problèmes avec les outils du moment ». Caldera a donc fourni la logistique et Cédric Bastoul, professeur à l’université de Strasbourg et Vincent Loechner, ses deux coencadrants de thèse, lui ont « appris à faire de la science ». Ce dernier voit cette thèse comme « un très bon concours de circonstances » : un ancien étudiant, embauché dans une entreprise partenaire du laboratoire ICube et un projet de recherche complémentaire des activités de l'équipe CAMUS.

Pour tous les acteurs du projet, cette thèse CIFRE était une première. Chacun s'accorde pour en imaginer de nouvelles que Paul Godard, désormais ingénieur de recherche, encadrerait chez Caldera. L'opportunité de partager son savoir-faire pour mettre d'accord les ordinateurs et faire dialoguer science et industrie.

 

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