Si la recherche est au cœur des priorités d’Inria, elle n’est pas l’unique cheval de bataille de l’institut. À ce pilier fondamental qu’est l’excellence scientifique s’ajoute celui de l’esprit entrepreneurial, avec la création de startups.
Cet engagement dans le soutien et l’accompagnement de startups technologiques, amorcé depuis plus de 20 ans par la création du fonds I-Source et du fonds d’ultra-amorçage IT-Translation et incarné par la création de près de 200 startups issues d’Inria, a donné naissance en septembre 2019, avec la création d’Inria Startup Studio, à un programme d’accompagnement sur mesure adressé aux porteurs de projets entrepreneuriaux deeptech numériques. Son pari : s’appuyer sur les compétences scientifiques et technologiques et sur les talents des personnes qui souhaitent entreprendre pour bâtir de nouveaux projets.
30 projets accompagnés en un an
Un an plus tard, le dispositif, qui s’adresse tant aux doctorants, postdoctorants, stagiaires, ingénieurs et chercheurs d’Inria qu’aux salariés d’autres établissements de recherche français partenaires et porteurs de projets extérieurs à Inria, a attiré près de trente projets de startups. Tous développent des technologies visant à faire bouger les lignes dans des industries aussi variées que l’Agritech, l’Edtech, la Medtech, ou encore l’eCommerce et la mobilité.
Parmi eux, on peut notamment citer Aureax, qui fournit aux cyclistes une solution de navigation haptique, leur permettant d'être pilotés en toute sécurité tout en gardant les yeux et les oreilles concentrés sur leur trajet, mais aussi Flit Sport, (ex Minpulse) qui développe une solution de suivi médical (cardiaque) des sportifs de haut niveau pour les aider à optimiser leur entrainement, grâce à une application smartphone connectée à une ceinture cardiaque. Gazouyi, quant à lui, est un projet d’assistance à la parentalité, centré sur le développement de l'enfant, au travers d’une application spécifique.
Tous les porteurs de projets ont pu profiter ces derniers mois, malgré le contexte sanitaire, d’un accompagnement adapté à leurs besoins : financement, hébergement, outils spécialisés, conseils, soutien logistique, technologique, ou parfois même moral : "L'aventure entrepreneuriale est un exercice solitaire, avec beaucoup d'interrogations, de remises en question, de frustrations, mais aussi de petites victoires. Les échanges hebdomadaires poussés par Sophie et Hervé (directeurs du Startup Studio) sont comme une bouée à la mer – le partage d'expériences entre porteurs permettant une mise en perspective permanente des résultats (bons ou mauvais) qui permet une plus grande objectivité sur les événements", explique Laurent Blanchet, fondateur de Greenfarm Robotics. La startup, accompagnée par Inria Startup Studio depuis mai dernier, développe des robots à câbles suspendus comme alternative aux tracteurs, pour permettre aux exploitants de s'affranchir des contraintes et dégâts liés au sol tout en réduisant l’impact de l’agriculture sur l’environnement.
Un avis partagé par Justine Bonnot, fondatrice de Kaktus, un outil logiciel qui permet d’optimiser les applications intégrées dans les systèmes embarqués : "Outre l’accompagnement technique, le soutien financier pour pouvoir tester son idée sans prendre de risque est une chance énorme, surtout quand on sort de thèse. En plus de ça, l’écosystème dans lequel on évolue est extrêmement riche : on est très liés avec les autres projets sur place, on échange beaucoup, et on profite du réseau interne et du soutien technique de la part d’ingénieurs Inria ce qui est un vrai plus", raconte Justine.
Des effectifs annuels triplés d’ici 2023
Porté par ses deux directeurs, Sophie Pellat et Hervé Lebret, mais aussi par les équipes innovation des huit centres de recherche de l’institut, Inria Startup Studio voit aujourd’hui plus grand et vise, d’ici 2023, près de 100 projets de startups accompagnés chaque année.
Un but, annoncé dans le contrat d'objectifs et de performance 2019-2023 d'Inria avec l'État, que tous les centres préparent déjà, en étoffant notamment leurs équipes dédiées à l’entrepreneuriat : "Par le passé, à Nancy, on avait environ un projet par an. Avec l'arrivée prochaine d'une ou d’un CPPI (chargé des partenariats et des projets d’innovation) dédié aux startups on pourra être plus proactifs, et mieux tirer parti du potentiel du centre pour susciter de nouvelles startups", explique Emmanuel Gothié, chargé des partenariats et des projets d'innovation au centre Inria Nancy-Grand Est.
Les équipes innovation des huit centres de recherche Inria, qui assurent quotidiennement un véritable lien de proximité et un support opérationnel aux porteurs de projets, ont en effet également pour mission, pour atteindre cet objectif, d’insuffler dans les centres un esprit entrepreneurial afin de permettre l’émergence de potentiels nouveaux projets.
Plus de startups et donc, plus de problématiques à résoudre. Un défi qui n’inquiète pas pour autant les membres de la communauté Startup Studio, qui travaillent depuis le départ à gérer tout type de situation. Les directeurs du Startup Studio échangent ainsi, chaque semaine, avec les équipes innovation des différents centres afin de faire le point sur l’avancée des projets, les process et les bonnes pratiques : "Le fait d'échanger avec Hervé et Sophie nous a beaucoup appris et permis également de conforter certaines intuitions qu’on avait sur la manière d’aborder l’accompagnement en local", raconte Emmanuel Gothié. "Cette façon de travailler globalement avec tout le monde a permis d’avoir un impact beaucoup plus efficace. Plus on voit de situations différentes plus on arrive à construire de solutions applicables à d’autres sujets", conclut Patrice Gelin, responsable du service des partenariats et des projets d'innovation au centre Inria Rennes-Bretagne Atlantique.
Une qualité de suivi et d’accompagnement qui vise à faire croître le volume de startups issues de la recherche française dans le numérique dont sortiront à la fois de véritables acteurs à empreinte mondiale et des projets qui iront irriguer le tissu industriel français. Un objectif ambitieux, qui ne pourrait être réalisable sans l’important vivier de talents internes et externes, chercheurs et chercheuses, ingénieurs, doctorants ou postdoctorants, recrutés au plus haut niveau académique.