Science des données

iQspot, au service de l’optimisation énergétique des bâtiments

Date:
Mis à jour le 23/11/2023
iQspot est le fruit d’une rencontre entre deux ingénieurs, docteurs, convaincus que la technologie peut servir de grandes ambitions écologiques. Créée en 2015, la startup œuvre à la transition énergétique dans le domaine de l’immobilier professionnel, en proposant une solution de collecte automatique et d’analyse en temps réel des consommations énergétiques immobilières. Rencontre avec Julien Bruneau, ancien doctorant et ingénieur transfert et innovation chez Inria, fondateur de la startup.
Mains d'un homme tenant un smartphone devant un ordinateut avec des graphiques
© Aleksey Boldin

Pourriez-vous décrire vos activités ?

Mesurer ses consommations est une condition sine qua non pour pouvoir améliorer sa performance. Et la performance énergétique est un enjeu majeur du secteur immobilier, responsable à lui seul de 40% des consommations énergétiques françaises et de 20% des émissions de gaz à effet de serre. iQspot répond à cette nécessité de savoir, et va beaucoup plus loin en permettant aux acteurs sur le terrain d’agir immédiatement pour optimiser ces consommations.

Comment ? Nous plaçons des capteurs IoT (Internet of Things) basse consommation sur les compteurs de tous les fluides d’un bâtiment (eau, gaz, électricité, réseaux chauds/froids…). Nous récupérons les données sur notre plate-forme propriétaire. Ces données sont analysées en temps réel par des algorithmes, et des alertes sont envoyées aux gestionnaires des immeubles dès qu’une dérive ou une anomalie de consommation sont détectées. Aussi simple que cette solution puisse paraître, elle constitue une véritable innovation pour ce secteur extrêmement intermédié (toute une chaîne d’acteurs intervient entre les investisseurs et les occupants d’un bâtiment, les abonnements énergétiques sont répartis sur plusieurs d’entre eux… Cela freine considérablement l’émergence de bonnes pratiques en matière de performance énergétique) et qui ne bénéficiait pas jusqu’à présent d’une solution simple et efficace pour collecter de manière exhaustive les données de consommation.

Notre application propose donc un pilotage fin, bâtiment par bâtiment, et également des fonctionnalités très utiles pour gérer un parc entier de plusieurs dizaines d’immeubles. L’objectif est d’aider nos clients à faire des choix d’investissements (en ciblant leurs efforts sur les actifs les plus énergivores par exemple) et produire des rapports RSE ou répondre aux obligations réglementaires de plus en plus exigeantes en matière de reporting et d’efficacité énergétique. Nous permettons également à nos clients de relever des données dites "de confort", comme la température, le bruit, la luminosité ou le taux de CO2. Un service de monitoring qu’ils peuvent proposer à leurs locataires et devenu d’autant plus intéressant avec la crise sanitaire.

Quels sont les défis technologiques dans le secteur ? Quelles prochaines étapes et enjeux pour la startup ?

Le premier défi est la maturité du secteur auquel nous nous adressons, encore très peu digitalisé. Pour autant, l’importance des enjeux de performance, poussés par le marché, et notamment les locataires, oblige les propriétaires et gestionnaires à envisager des solutions de suivi pérennes, fiables et efficaces, qui ne reposent plus sur l’intervention humaine seule, comme c’est encore beaucoup le cas aujourd’hui.

Notre solution doit aussi relever des défis technologiques propres :

  • Notre plate-forme est agnostique d’un point de vue technologique et doit le rester : nous savons récupérer toutes sortes de données, issues de différentes formes de collecte, et transmises suivant différents protocoles. C’est important pour garantir la pérennité et l’ouverture du système aux technologies futures. Au-delà de cette ouverture, se pose un enjeu de performance économique et environnementale pour les dispositifs à déployer pour pouvoir collecter la donnée. Nous souhaitons proposer une solution accessible à tous, et ne pas entrer dans une logique de suréquipement. Le nombre et la diversité de données dont nous disposons - et qui continue de croître quotidiennement -, correctement traitées, doivent permettre de diminuer le nombre d'équipements à déployer et répondre à cet enjeu.
  • Nos algorithmes permettent de détecter automatiquement les dérives de consommation par rapport à l’historique d’un bâtiment. Avec la croissance de notre parc installé, et l’accent mis sur le deep learning, nous pouvons améliorer ce potentiel de détection en comparant le comportement du bâtiment à celui de bâtiments de typologie similaire.
  • Enfin, la véritable valeur ajoutée de notre solution réside dans l’energy management au quotidien. Un des défis que nous avons à relever consiste à transférer une partie de cette connaissance métier dans notre application.

La R&D reste donc au cœur des enjeux d’iQspot, et la croissance du nombre de bâtiments équipés un levier très important pour sa valeur ajoutée.
En 2020, nous avons pratiquement doublé notre parc et atteint le million de m² équipés, et ce, malgré la crise. La dynamique actuelle soutient ce rythme de croissance. 

Quel a été votre parcours avant la création d’entreprise ? Qu’est-ce qui a motivé ce projet de startup ? Quel a été l’appui d’Inria ?

Portrait Julien Bruneau
© iQspot
Julien Bruneau, cofondateur d'iQspot

Avant iQspot, j’ai réalisé ma thèse au sein de l’équipe-projet Phoenix* à Inria Bordeaux, aux côtés de Quentin Enard, avec qui j’ai cofondé iQspot. J’ai ensuite continué ma mission au sein de l’institut en tant qu’ingénieur transfert et innovation. Pendant cette période, j’ai pu rencontrer de nombreux entrepreneurs qui m’ont permis de mieux comprendre le marché que nous ciblons et m’ont donné envie de me lancer dans cette aventure. Après cinq ans d’existence, iQspot est devenue une belle entreprise qui compte quinze collaborateurs, dont plus de la moitié en R&D, et qui vient d’ouvrir une antenne parisienne en complément de son siège, basé à Bordeaux. 

En savoir plus sur la technologie développée par iQspot

 

* Terminée en 2017, Phoenix était une équipe-projet commune à Inria, CNRS, l'université de Bordeaux et Bordeaux INP au sein du LaBRI (UMR 58000) et du centre de recherche Inria Bordeaux Sud-Ouest.