Le maître mot du projet ONE est "flexibilité" : avoir des systèmes informatiques moins rigides, moins prédéfinis, pouvoir les adapter à différents types de situation d’usage, de périphériques d’entrée etc…
« Nous sommes partis du constat que les systèmes actuels, conçus dans les années soixante-dix pour des tâches bureautiques, ne tiennent plus la route en raison de l’explosion du nombre d’utilisateurs et des types d’usages », nous explique Michel Beaudouin-Lafon. « Nous sommes encore à l’ère de l’informatique personnelle, tout ce qui est usage collectif est encore trop compliqué. Nous sommes envahis d’ordinateurs sous toutes leurs formes qui ne se synchronisent pas toujours entre eux, qui communiquent peu ou pas entre eux : chaque application, chaque logiciel a ses propres règles. »
Selon Michel Beaudouin-Lafon, « nous nous sommes habitués à cet état des choses alors qu’il n’y a aucune raison qu’il en soit ainsi. Si l’on veut que les outils numériques soient plus flexibles, plus ouverts, compatibles les uns avec les autres, il faut qu’ils reposent sur des principes unifiés. » D’où l’intitulé de l’ERC, Unified Principles of Interaction. Dans le monde informatique, une fois qu’un logiciel a été programmé pour faire une chose, il ne sait rien faire d’autre.
Oublions ce qui a été fait et imaginons un monde sans les contraintes des systèmes actuels.
Ce projet ambitieux est lancé le 1er octobre 2016 grâce à l’ERC Advanced Grant et va suivre un processus combinant trois axes de recherche qui vont s’enrichir mutuellement :
- Etudier les capacités d’interaction de l’être humain avec son environnement.
- Définir un nouveau modèle conceptuel : quels sont ces principes unifiés ?
- Mettre en œuvre ces principes pour démontrer que cela fonctionne.
« Ce projet remet en cause le modèle économique monolithique du logiciel actuel. Mais nous n’en sommes qu’au stade de l’invention. Sur le chemin qui mène à l’innovation et éventuellement à une rupture technologique, il peut se passer une vingtaine d’années », explique Michel Beaudouin-Lafon. « Je suis convaincu que ce qui est fait actuellement ne fonctionne pas. Il faut modifier les choses en profondeur. Est-ce que cette idée d’avoir des types de contenus beaucoup plus ouverts que ceux d’aujourd’hui peut fonctionner à grande échelle ? Cela reste une question ouverte mais si nous n’essayons pas, nous n’aurons pas la réponse. »