En 2011, Xavier Rival reçoit la bourse très sélective ERC (European Research Council) . Il bénéficie alors de cinq ans et 1,5 million d’euros pour travailler sur la vérification automatique des logiciels critiques.
Notre objectif était de travailler sur les structures de données dans le cadre, au départ, relativement classique des systèmes d’exploitation ou des programmes embarqués.
L’émergence d’une nouvelle opportunité
Au cœur de ces recherches, une rencontre vient alors ouvrir de nouvelles perspectives. Quand Tie Cheng lui propose de faire un stage dans l’équipe Antique, Xavier Rival se montre tout de suite intrigué par son profil atypique –mêlant à la fois une expérience dans le privé et de recherche. « Comme il s’intéressait particulièrement aux tableurs, je lui ai proposé de travailler sur leur vérification , poursuit-il. Excel, tout le monde connaît et le préjugé serait d’en faire un logiciel bureautique sans intérêt scientifique.Et pourtant, une seule erreur peut avoir des conséquences sérieuses. Je pense par exemple à l'article “Growth in a time of debt” rédigé par deux économistes d’Harvard, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, qui établit un lien fort entre dette publique et croissance. Leurs conclusions ont d’ailleurs pu être utilisées pour justifier des politiques d'austérité lors de la crise de 2008. Mais leur démonstration se fondait sur des erreurs de programmation dans les feuilles de calcul, qui une fois corrigées aboutissent à une tout autre conclusion... »
Ainsi, grâce à cette rencontre, le cadre de recherche de la bourse ERC s’est étoffé de cette nouvelle dimension sur la vérification des tableurs, laissant entrevoir au fur et à mesure de son avancée des possibilités de transfert. Une fois sa thèse soutenue en 2015, Tie Cheng crée alors une start-up, Matrix Lead, et le projet reçoit la bourse ERC Proof of concept de 150 000 euros pour se structurer.
S’inscrire dans le temps long
Désormais, l’heure est au recrutement d’ingénieur.e.s de pointe pour rendre cet outil à la base très complexe le plus facilement utilisable. L’enjeu est également de commencer à travailler avec des premiers clients potentiels et affiner les propriétés et fonctionnalités. Mais Xavier Rival le rappelle : « La vérification de programmes est complexe et prend beaucoup de temps. Le passage de la science au transfert ne peut se faire en un an. Par exemple, pour l’analyseur Astrée conçu et développé dans l'équipe depuis 2001, le transfert n’a pu être envisagé qu’en 2007 et le projet a trouvé sa vitesse de croisière avec un outil utilisé industriellement en 2010. Dans nos domaines, nous avons donc besoin d’avoir cette possibilité du temps long. C’est justement ce que permet une bourse comme l’ ERC Proof of Concept. »
Envie de candidater à une bourse ERC Proof of Concept ?
Les conseils de Xavier Rival
Comme il n’est pas possible de candidater à la bourse ERC Proof of Concept sans la bourse ERC préalable, Xavier Rival recommande en tout premier lieu de : « bien préparer son projet et de le projeter sur le long terme. Il faut vraiment être prêt à le faire car il s’agit de travaux de très grande ampleur sur cinq ans. » Point qui est notamment rendu possible au sein des équipes de recherche Inria : « Notre organisation de la recherche nous permet justement d’aller vers des projets de long terme, de prendre un sujet qui nous tient à cœur, de le développer et de se sentir prêt à candidater quand le moment est le bon. »
Xavier Rival ajoute un deuxième conseil, inspiré de ses travaux avec Tie Cheng : « une fois votre stratégie principale de recherche définie, n’ayez pas peur de faire quelques détours. Certaines opportunités qui se situent un peu à côté peuvent devenir très prometteuses par la suite. Là encore, une structure comme Inria nous permet de rester ouverts à ces chemins parfois inattendus. »