Inria publie un livre blanc sur l'agriculture et le numérique
Date:
Mis à jour le 10/10/2022
Auparavant portées par une logique d’intensification et de rendement afin de nourrir une population toujours plus nombreuse, les filières agricoles doivent aujourd’hui évoluer pour s’adapter aux enjeux environnementaux (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, réduction des ressources…) et éthiques (respect du bien-être animal).
La sécurité alimentaire, qui représente la possibilité pour tous d’avoir accès quotidiennement à une nourriture en qualité et quantité suffisantes, s’accompagne ainsi aujourd’hui d’exigences fortes sur les modes de production pour les rendre plus durables. Se pose également la question du maintien d’un tissu rural vivant, autour d’une agriculture "familiale" attractive. Ce sont des critères astreignants qui ont émergé, et qui s’imposent, mais comment répondre à la demande grandissante tout en favorisant une agriculture durable, respectueuse des animaux et de l’environnement ?
À toutes les échelles de la production agricole et de son écosystème, le numérique fait aujourd’hui partie des solutions capables d’accompagner cette transition vertueuse en fournissant :
Le secteur a en effet embrassé l’arrivée du numérique, jusqu’à l’émergence, depuis 2010, du concept d’"agriculture numérique".
Pourtant, et comme dans tous domaines, le développement du numérique s’accompagne de la naissance de risques qu’il est important de connaître et de mesurer dans la mise en place de solutions consacrées à l’agriculture de demain. Le premier est écologique puisque, même s’il permet aujourd’hui de prendre en compte les facteurs environnementaux pour répondre aux enjeux écologiques, le numérique a, par lui-même, une empreinte écologique certaine au travers des divers équipements et opérations de captation de données, de transfert, de stockage et de calcul qu’il propose. D’autres risques sont à prendre en compte : d’ordre social, avec l’exclusion par le numérique des formes minoritaires d’agriculture, mais également ceux liés à la souveraineté numérique (notamment au travers de la gestion des données), la cybersécurité, et la potentielle dépendance vis-à-vis de certaines ressources technologiques.
Un constat qui a poussé INRAE et Inria à travailler conjointement à la création d’un livre blanc sur le sujet. Les deux instituts publics, reconnus respectivement pour leur connaissance pointue de l’agriculture et de ses acteurs et pour leur expertise dans les sciences et technologies du numérique, contribuent en effet au quotidien à évaluer, expliquer et faire connaître les apports et les risques du numérique en agriculture, et à analyser et développer des solutions qui augmentent le bénéfice et diminuent les risques.
Cinq chercheurs (Véronique Bellon-Maurel - INRAE, Ludovic Brossard - INRAE, Frédérick Garcia - INRAE, Nathalie Mitton - Inria et Alexandre Termier - Université de Rennes 1 / Inria) ont ainsi été missionnés pour établir un inventaire de la situation actuelle, mais aussi donner des pistes pour orienter les recherches afin de mieux comprendre, maîtriser, préparer, équiper et accompagner le déploiement du numérique en agriculture et dans la chaîne alimentaire.
Un travail qui a donné naissance à un document de 140 pages, organisé en six chapitres, et permettant de prendre connaissance des enjeux autour de la transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires, mais aussi des possibilités offertes par le numérique pour la transition agroécologique et des risques liés à un développement non maîtrisé de l’agriculture numérique. Le dernier chapitre fait, quant à lui, le point sur les questions et défis techniques identifiés qui pourraient devenir l’objet de travaux de recherche pour INRAE et Inria autour du sujet du numérique responsable pour l’agriculture.
Ce travail effectué autour du livre blanc "Agriculture numérique" vient renforcer une collaboration de longue date entre Inria et INRAE. Les instituts signaient en effet, dès 2005, un partenariat scientifique, poursuivi cinq ans plus tard par la conclusion d’un premier accord-cadre, lui-même renouvelé par la suite.
Inria et INRAE comptent aujourd’hui cinq équipes-projets communes (Biocore, MOSAIC, Graphik, Pléiade, et MUSCA) mais également des unités mixtes de services, la participation commune à plusieurs groupements d’intérêt scientifique (GIS) et grands projets structurants comme #DigitAg - l’Institut Convergences en Agriculture Numérique et le PEPR SADEA, engagé en 2021. De nombreux résultats scientifiques (publications, brevets…) viennent conforter cette collaboration.
Plusieurs formats sont à votre disposition :