Tout a commencé il y a un peu plus de trois ans. Martin Monperrus et Nicolas Petitprez, sont respectivement chercheur et ingénieur au sein de l’équipe-projet Spirals du centre Inria Lille – Nord Europe (commune avec l’université Lille 1*) spécialisée dans la résolution des dysfonctionnements techniques. Ils décident alors de se lancer dans la conception d’une technologie innovante capable de détecter, d’analyser et de résoudre les bugs . Il leur faudra deux ans pour y parvenir. Convaincus du potentiel de leurs travaux, ils espèrent monter une startup et mettre leur produit en vente.
Mais entre une idée scientifique prometteuse et la conception d’un logiciel capable d’être commercialisé, le chemin est long. Pour concrétiser leur projet, Martin et Nicolas ont pu compter sur l’appui d’Inria et son accompagnement à la création de startup. En 2014, ils présentent un dossier au centre de recherche qui accepte de les financer pendant un an. Nicolas Petitprez est détaché pour se consacrer, à plein temps, à la création de la société. « C’est un métier complètement différent. Mais grâce à cette période de pré-incubation, la transition s’est faite en douceur. »
Autocorrection instantanée
En parallèle, Inria met en relation les deux chercheurs avec Techno Founders, qui soutient les créations de startups innovantes. Nicolas et Martin rencontrent alors Emmanuel Dissoubray, un ingénieur qui leur apporte une solide expertise business. Les trois hommes s’associent pour créer Makitoo en décembre 2015 et lancent dans la foulée une levée de fonds de 450 000 euros.
En mars 2016, leur solution anti-bugs peut enfin être proposée aux développeurs. Son principe repose sur le monitoring automatique de l’exécution d’un logiciel, « comme les valises de diagnostic pour les voitures », précise Martin Monperrus. « La phase de compréhension des bugs est très longue et compliquée pour les développeurs, explique Nicolas Petitprez. Or, en informatique, un bug bien compris, est un bug aux trois quarts résolu. Nous offrons, grâce aux technologies innovantes qu’on utilise, un ensemble d’informations très précises sur le problème survenu. Nous pouvons même proposer des outils pour corriger instantanément le bug en production. » Aujourd’hui, la solution Makitoo est quasiment la seule au monde à permettre cette autocorrection instantanée d’un problème technique. Une innovation qui a permis à la jeune société de remporter, en juillet dernier, le concours i-LAB d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes.
Des clients dans le CAC 40
Depuis son lancement, Makitoo a recruté deux personnes. Emmanuel Dissoubray est directeur général (CEO). Nicolas Petitprez a quitté Inria pour intégrer à 100% l’entreprise en tant que directeur technique. Un choix pleinement assumé. « J’avais déjà travaillé dans l’industrie, avant d’intégrer Inria. L’alternance entre ces deux univers me convient bien. Au sein de Makitoo je fais toujours des choses très innovantes. » Martin Monperrus, conseiller technique, assure le lien avec Inria et le monde de la recherche. Toujours membre de l’équipe-projet Spirals, il conseille ses collègues sur les directions techniques à prendre ou sur les possibilités d’innovations de la technologie. « Je passe au moins une journée par mois à Makitoo, et c’est toujours l’occasion d’échanges très intenses. »
Une dizaine de sociétés utilisent aujourd’hui la technologie Makitoo. « Nous sommes en phase pilote , précise Emmanuel Dissoubray. Nous testons le produit pour voir s’il répond bien aux attentes de nos clients, et sur quels points on peut l’améliorer. Nous avons des retours positifs, il y a un réel engouement autour de notre produit. » Disponible à l’origine pour le langage Java, Makitoo supporte aussi depuis septembre le langage JavaScript et une troisième version de la technologie est déjà en préparation. D’ailleurs, le CEO ne cache pas ses ambitions. Si la technologie était au départ destinée aux PME développant des applications et logiciels, la startup vise aujourd’hui les entreprises du CAC 40.
Une chose est sûre : en trois ans, l’idée de Martin Monperrus et Nicolas Petitprez a parcouru un beau chemin. « Et dire que tout a commencé en discutant autour d’un verre, se souvient Nicolas. Depuis, nous avons vu notre projet mûrir, puis devenir un produit qui rencontre petit à petit son public. L’expérience a été très enrichissante et, pour nous, c’est très valorisant. »
* au sein de l'UMR 9189 CNRS-Centrale Lille-Université Lille1, CRIStAL.