Cette idée de projet germe depuis plusieurs années dans le cerveau des scientifiques impliqués dans le projet MePheSTO. C’est par exemple en travaillant auprès de patients atteints de la maladie d'Alzheimer, à Nice, qu’une partie de ces chercheurs a en effet remarqué que l’impression clinique subjective, qui ressort de l’échange standard entre patient et clinicien, ne suffit ni à détecter les signes d’entrée dans la pathologie, ni à élaborer un diagnostic précis, ni à prédire les rechutes. En travaillant à la même période sur des entretiens cliniques réalisés avec des patients schizophrènes, les chercheurs de Nancy arrivaient au même constat.
La communication interpersonnelle est affaire de langage et de comportements non verbaux (regards, mouvements de tête, gestuelle, …). Mais il n’existe pas encore de corpus multimodaux comprenant des enregistrements de la parole et la vidéo. MePheSTO investit cette question, et se propose d’y ajouter des mesures par biocapteurs. Objectif : que tous ces éléments permettent de décrypter très finement l'interaction sociale patient-clinicien.
Affiner les diagnostics, accompagner les thérapies
Ces solutions d’intelligence artificielle aboutiront à la mise au point d’outils et de techniques au profit du corps médical. Par exemple des scénarios de démonstration rendant compte du parcours des patients seront développés.
De quoi améliorer la qualité de l’analyse faite par le clinicien en permettant de détecter des changements, même infimes, dans le comportement, l’humeur ou le discours du patient. Une aide au diagnostic qui pourrait s’effectuer à terme en temps réel, et même à distance dans le cadre de consultations de télémédecine. Une possibilité, en effet, qui pourrait d’ici peu combler de nouveaux besoins.
La sensibilité du sujet, et des données manipulées elles-mêmes, implique un respect strict des patients et informations qu’ils partagent avec les chercheurs (RGPD, ELSI).
Le projet, qui n’en est qu’à ses prémices, débutera officiellement en octobre 2021 pour une durée de trois ans. D’ici-là, les chercheurs finalisent les recrutements et préparent le lancement.
Nous rédigeons un protocole avec les différents partenaires cliniques pour amorcer le recueil de données dès 2021, en France et en Allemagne. La concertation avec les cliniciens est indispensable dès cette étape.
Alexandra König, chercheuse membre du projet
Ouvrir le champ des possibles
Les membres du projet possèdent déjà plusieurs jeux de données enregistrés lors de précédentes études qui permettront de préparer la méthodologie d’analyse. À terme, l’objectif est d’appréhender tous les types de troubles psychiatriques et neurodégénératifs, et de mettre au jour des indices les plus objectifs possibles de l’évolution de ces maladies et de l’efficacité de leur prise en charge.