Le modèle d'exploration-exploitation pourrait être utilisé comme base commune pour comparer d’autres modèles à travers différents systèmes nerveux naturels chez d'autres organismes, également étudiés en laboratoires, comme la drosophile, le poisson zèbre, la souris et bien d'autres espèces.
Le plan du connectome varie en fonction des espèces, qui possèdent plus ou moins de neurones, mais aussi en fonction des individus. Il peut également se réorganiser au cours de la vie pour compenser certains déficits : c’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale.
Fabrizio de Vico Fallani, responsable de l’équipe-projet commune NERV.
Nous pourrions, par exemple, comprendre comment le cerveau humain se réorganise après des événements traumatiques tels qu'un accident vasculaire cérébral (AVC). En modélisant les dynamiques individuelles de récupération et réorganisation, nous pourrions mieux appréhender les mécanismes de connectivité sous-jacents à cette plasticité cérébrale.
Le modèle d'exploration-exploitation pourrait également permettre de comprendre la formation et la propagation des réseaux sociaux, que ce soit sur des plates-formes numériques ou dans la vie réelle. En utilisant le paradigme de l’EE, les scientifiques pourraient mieux modéliser la manière dont les individus explorent et exploitent les possibilités de connexion.
Enfin, en modélisant la façon dont des organismes, tel que Physarum polycephalum (plus couramment appelé "blob"), réagissent à des stimuli attractifs ou répulsifs pour explorer leur environnement, il serait possible de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à la capacité de navigation spatiale dans des environnements complexes.
Cette plongée dans les intrications fascinantes des systèmes biologiques complexes et les mystères de la connectivité cérébrale met en lumière le potentiel de la dynamique d'exploration-exploitation et ouvre la voie vers de nouvelles recherches sur les mécanismes qui façonnent d'autres phénomènes dans divers domaines scientifiques.
[1] Fabrizio de Vico Fallani est responsable de l’équipe-projet commune NERV (Inria, Sorbonne Université, CNRS, Inserm) hébergée à l’Institut du cerveau – ICM.