Au commencement était l’envie d’entreprendre…
C’est au cours de sa thèse sur les rentrées atmosphériques, menée en cotutelle avec le Politecnico de Turin, que Florian Bernard intègre le centre de recherche Inria Bordeaux - Sud-Ouest et son équipe-projet Memphis commune avec l'université de Bordeaux, spécialisée dans la modélisation numérique. Très vite, une idée pointe : monter sa propre startup sur la base de ses travaux de recherche. « Cette envie d’entreprendre est née de cette volonté de créer mon propre métier, de construire quelque chose en partant quasiment de rien », relate-t-il.
Cette initiative a vite rencontré des échos favorables de la part d’Angelo Iollo, responsable de l’équipe-projet Memphis.
Pour moi, il va de soi que la recherche mathématique ne doit pas être déconnectée du réel. Ce type d’initiative fait partie du génome de ma construction scientifique.
explique-t-il. Il a ainsi permis à Florian de trouver les premiers financements pour creuser davantage son projet.
Au cœur d’un écosystème porteur
Chez Inria, Florian se tourne également vers Cédric Quinot, chargé des partenariats et projets d’innovation au sein du service "Transfert, innovation et partenariats", dont l’une des missions est d’accompagner les porteurs de projet dans le long et complexe parcours de la création d’entreprise. « Nous sommes souvent le premier interlocuteur des chercheurs et chercheuses qui voudraient se lancer. Nous les amenons à se poser les bonnes questions pour mieux définir leur idée et bien préciser ce qu’elles et ils en attendent », précise Cédric.
Il oriente alors le chercheur vers différents dispositifs pour acquérir les bases d’abord théoriques puis pratiques de l’entrepreneuriat. Florian suit des formations telles que Horizon Start-up, IT Barcamp et Digital Start-Up, le récent dispositif d’Inria en partenariat avec emlyon business school qui mise sur le coaching, ou encore Blue Mirror avec TheFamily. Il bénéficie également de l’accompagnement d’Inria Hub, qui permet de financer la maturation technique et valider la viabilité du projet, puis de l’IRA (Incubateur régional d’Aquitaine) et de Bordeaux Technowest .
À la rencontre du réel
Pour Cédric Quinot, un tel parcours ne va pas toujours de soi. « Il s’agit avant tout d’une aventure humaine. En ce sens, elle dépend de la volonté de la personne qui monte sa structure et de sa capacité à se confronter avec la réalité. » Une étape cruciale pour Florian Bernard qui, au moment de formaliser son projet, se rend compte qu’il n’intéresse pas le monde de l’industrie auquel il le destinait malgré ses évidentes qualités scientifiques. « J’ai dû changer de paradigme pour construire mon projet à partir du besoin réel plutôt que du travail de recherche », se souvient-il.
Cette réorientation a été rendue possible lors de l’événement MediSpace, organisé en décembre 2016 par Bordeaux Technowest . Pour son directeur, François Baffou : « Avec ce colloque unique en son genre, nous faisons se rencontrer deux univers – celui de l’aéronautique et de l’aérospatial et celui de la médecine – car nous sommes convaincus que nous pouvons ainsi faire émerger de nouveaux transferts de technologie. » Cette conviction s’est montrée payante pour Florian qui croise alors la route du concepteur d’implants AnatomikModeling. Celui-ci saisit tout de suite les interactions possibles avec son secteur.
« Cette rencontre a été un véritable pivot dans le projet, confirme Florian. Par la suite, j’ai beaucoup travaillé avec un chirurgien vasculaire pour définir précisément la vocation de Nurea. »
Une solution inédite en médecine
Florian et son associé, qui l’a rejoint dans l’aventure, Romain Leguay, affinent alors la solution et identifient un besoin. Pour suivre l’évolution d’un anévrisme, les chirurgiennes et chirurgiens cardiovasculaires disposent actuellement de peu de données, issues exclusivement de l’analyse de scanners. C'est là que Florian et Romain trouvent comment se positionner ! La simulation numérique proposée par Nurea leur permet de prendre en compte de manière automatisée un très grand nombre d’informations supplémentaires, offrant ainsi un outil d’aide à la décision beaucoup plus précis. Les pistes d’innovation ouvertes ne s’arrêtent pas là :
Dans un premier temps, nous proposons un logiciel de gestion de patientèle pour le suivi pré et postopératoire au sein d’un workflow automatique. C’est totalement inédit pour les chirurgiennes et chirurgiens. Mais nous voulons aller plus loin : à terme, notre objectif est d’utiliser cette simulation numérique pour l’appliquer à la personnalisation d’implants cardiovasculaires
complète Florian.
Et maintenant ?
Nurea est dans les starting-blocks, mais la dynamique collaborative est loin d’être terminée. Ainsi, Angelo Iollo poursuivra son accompagnement en devenant associé et référent scientifique, tandis que les avancées de la startup et les travaux de l’équipe Memphis continueront à s’alimenter mutuellement. Cédric Quinot, quant à lui, restera un soutien pour tous les aspects de formalisation de l’exploitation.
Parallèlement, Florian et Romain ont installé leurs bureaux au sein d’un incubateur Technowest, La Source, en plein centre de Bordeaux. « La force de notre modèle est d’associer incubateurs, pépinière et centre d’affaires pour accompagner le développement des startups sélectionnées dans la continuité pendant au moins cinq ou six ans. Quand le projet est suffisamment mûr, nous mettons également à disposition des outils financiers via un fonds d’amorçage permettant d’initier rapidement une première levée de fonds », conclut François Baffou.
L’aventure ne fait donc que commencer…