Stimuler le transfert des technologies numériques
Le 17 novembre 2020, Inria a signé avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), leader européen dans les essais cliniques et premier CHU d’Europe, un accord-cadre de collaboration scientifique. Conclu pour une durée de cinq ans, il prévoit notamment la création d’un laboratoire commun consacré aux sciences et technologies du numérique dans le champ de la santé.
La responsabilité scientifique du futur laboratoire commun sera confiée à Dominique Chapelle, actuellement directeur de recherche au centre Inria Saclay – Île-de-France. Il aura entre autres pour rôle l’animation et la coordination scientifique des projets portés par le laboratoire. Secondé par un responsable opérationnel, il facilitera également la mise en relation des équipes des deux institutions, stimulera les échanges avec d’autres experts et développera le rayonnement scientifique des recherches.
« Les sciences du numérique au sens large peuvent bénéficier à la communauté médicale, explique Dominique Chapelle. Par exemple, les modélisations mathématiques dans le domaine de la biomécanique, comme les algorithmes d’analyse d’imagerie médicale, peuvent contribuer au développement de méthodes, modèles ou dispositifs utiles au diagnostic ou au traitement de pathologies (en cardiologie, pneumologie, etc.). » Les projets du laboratoire favoriseront l’évaluation des innovations et leur transfert dans le monde économique, auprès de partenaires industriels ou par la création de startups.
Poursuivre une dynamique collaborative
La création du laboratoire scelle une dynamique collaborative engagée depuis plusieurs années par les équipes des deux institutions. Depuis 2016 en effet, Inria participe au dispositif des « postes d’accueil » de l’AP-HP qui permet à des professionnels hospitaliers d’intégrer une équipe-projet Inria. Ils peuvent ainsi mener un projet de recherche à temps plein ou à mi-temps, dans des disciplines très diverses : neurologie, radiologie, chirurgie hépatobiliaire, anesthésie-réanimation, etc.
« Le laboratoire commun accélérera ce mouvement, matérialisé également par deux chaires de recherche, portées depuis cette année par l’AP-HP, Inria et CentraleSupelec », précise Elisa Salamanca, responsable du pôle innovation et données au sein de la direction des services d’information de l’AP-HP. Le laboratoire stimulera les recherches collaboratives et facilitera leur transfert en milieu hospitalier, par exemple pour la biologie ou l’imagerie, et vers les systèmes d’information de l’AP-HP, en particulier son « entrepôt de données de santé », EDS AP-HP*.
Favoriser les échanges entre experts
2021 verra se structurer les instances de pilotage du laboratoire et se lancer ses premiers grands projets de recherche. La dynamique collaborative se concrétisera également par des mises à disposition de professionnels de l’AP-HP et d’Inria, la création d’équipes-projets communes, de nouvelles chaires de recherche, etc.
Opérant dans un cadre interdisciplinaire, le laboratoire va rapprocher des scientifiques travaillant habituellement au sein de communautés distinctes, leur offrant la possibilité d’échanges plus directs. Accélérateur de la diffusion des connaissances, il leur permettra d’œuvrer dans une logique « gagnant-gagnant ».
« En plus des résultats concrets attendus à l’issue des projets de recherches communes, nous sommes convaincus que le laboratoire permettra la montée en compétence dans le domaine des algorithmes des cliniciens-chercheurs de l’AP-HP et celle des chercheurs d’Inria en matière de santé », conclut Dominique Chapelle.
*EDS AP-HP intègre aujourd’hui les données de santé d’environ 13 millions de patients admis à l’AP-HP. Première plate-forme de données massives constituée au sein d’un établissement de santé français, elle est autorisée par la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) depuis janvier 2017 et est dotée d’une gouvernance conforme aux recommandations émises par le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) depuis mai 2019.
Elisa Salamanca : « Nous voulons évaluer l’apport concret des sciences du numérique au secteur hospitalier »
« Les sciences du numérique au sens large sont porteuses de nombreuses innovations potentielles, utiles à terme aux médecins dans leur pratique quotidienne. Les algorithmes de traitement de données, qu’ils soient sous forme de signaux ou d’images, mais aussi de rapports d’analyse biologique ou de diagnostic (textes), permettent notamment de développer des systèmes d’aide au diagnostic, anticipant par exemple avec précision l’apparition de pathologies. D’autres techniques, comme celles de l’optimisation mathématique, peuvent en outre améliorer le pilotage de l’activité hospitalière. Tout semble aujourd’hui accessible aux algorithmes, mais nous avons besoin de disposer d’une feuille de route réaliste. Ainsi, les recherches qui seront engagées au sein du laboratoire commun Inria - AP-HP auront pour objectif d’évaluer les possibilités offertes par les sciences du numérique, de montrer comment elles peuvent répondre aux besoins d’un établissement de santé et de favoriser le transfert de celles qui s’avèrent pertinentes. »
Pour en savoir plus sur la médecine personnalisée de demain
- Le projet « Entrepôt de données de santé – imagerie » à l'AP-HP » – Intervention en vidéo de Raphaël Beaufret, directeur du département Web innovations données à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, Collège de France, 2 mai 2018
- Digitaliser le « parcours patient » dans l’hôpital de demain – Hospitalia, 14 mai 2018
- Table ronde « Médecine personnalisée et Big Data » avec Dominique Chapelle (Inria), Marie-Christine Jaulent (Inserm) et Pierre Tambourin (Genopole) - Inria Channel, YouTube, 12 janvier 2017