Depuis maintenant plusieurs années, les ports de plaisance se sont métamorphosés. Un nombre croissant de personnes y occupent désormais leurs bateaux à l’année tandis que d'autre embarcations sont louées comme de véritables habitations.
Résultat : même sur les secteurs du littoral français où l'on navigue le plus, les bateaux restent souvent à quai plus de 350 jours par an. « Face à ce phénomène de plaisance collaborative qui ne cesse de pendre de l'ampleur, les gestionnaires de ports ne sont pas toujours en mesure de répondre aux nouvelles sollicitations des propriétaires de bateaux notamment en matière de sécurité ou de gestion de la consommation d’électricité », constate Elsa Nicol, fondatrice et directrice générale de Wattson Elements.
En mai 2018, cette startup a obtenu un financement de près de 100 000 euros dans le cadre du dispositif InriaHub destiné à accélérer la valorisation d'innovations particulièrement prometteuses. À travers l’action de transfert technologique (ATT) d’Inria, Wattson Elements est également hébergée jusqu'à la fin de l'année au sein de l’équipe-projet Eva.
Un outil aux multiples fonctions
Reposant sur l’utilisation de capteurs conçus avec l'aide de ses chercheurs et chercheuses Inria de Paris, le dispositif Falco développé par cette startup permet de scruter à distance tout un ensemble de paramètres. Une fois fixés au niveau des pontons, ces boîtiers sans fil peuvent par exemple mesurer la consommation d'électricité de chaque embarcation.
D'autres types de capteurs installés sur le bateau préviennent simultanément la capitainerie et son propriétaire lorsque le navire se met à gîter de manière excessive. Falco propose aussi plusieurs dispositifs d’alerte en cas d'intrusion, d'incendie ou de problème d’amarrage. Chaque plaisancier reste en contact permanent avec son bateau via une application sur smartphone.
Ainsi, la moindre anomalie peut alors être signalée au propriétaire du bateau. « Le fait que la société chargée de la gestion du port figure à chaque fois dans la boucle d'information est l'un des principaux atouts de notre solution car cela permet une intervention très rapide en cas d'avarie », détaille Elsa Nicol. Du côté des gestionnaires de ports de plaisance, Falco autorise un suivi en temps réel des allées et venues des différents bateaux dans la perspective d’optimiser la gestion des places disponibles.
Un fort potentiel de développement
« Séduit par les nombreuses fonctionnalités du dispositif, le port du Cap d'Agde a récemment souscrit à l’offre Falco sur la base d'un modèle pilote, devenant ainsi le premier port de plaisance connecté au dispositif », se félicite la directrice générale de Wattson Elements.
Dès le printemps prochain, plusieurs zones de cette vaste infrastructure portuaire comptant près de 4000 emplacements, seront équipées de capteurs destinés à la gestion dynamique des flux et au renforcement de la sécurisation des bateaux.
Dans les mois suivants, le port breton du Kernével, qui dispose d'un millier d'anneaux d’amarrage, devrait à son tour être connecté. Avec 180 ports de plaisance regroupant pas moins de 160 000 emplacements, le littoral français constitue un marché prometteur pour la startup. Environ un tiers de ces infrastructures portuaires, dont la capacité d'accueil atteint ou dépasse 800 bateaux, sont susceptibles de faire appel à Falco selon Elsa Nicol. « Pour les sociétés qui gèrent des ports de cette envergure, notre solution offre l’opportunité de moderniser facilement leur outil de travail tout en reprenant la main sur la plaisance collaborative afin de l'encadrer ou la réguler. »
Alors que plusieurs autres ports de plaisance français se disent intéressés par cette technologie, la startup envisage d'ores et déjà de se développer à l'étranger. « Au Royaume-Uni et en Espagne, où les marinas sont gérées par des entreprises désireuses de proposer de nouveaux services innovants à leurs clients, notre application a une très belle carte à jouer comme l'attestent d'ailleurs les retours positifs des gestionnaires des ports catalans et andalous que nous avons rencontrés », conclut Elsa Nicol.