Prix Jeunes Talents France 2024 L'Oréal-UNESCO Pour Les Femmes et la Science décerné à quatre chercheuses d’équipes Inria
Date:
Mis à jour le 23/10/2024
Elles s’appellent Solenne Gaucher, Élodie Germani, Madeleine Kubasch, et Sibylle Marcotte et si leurs trajectoires sont bien différentes, elles ont toutes en commun d’avoir travaillé dans une équipe-projet Inria au cours de leurs premières années de recherche, aux centres de Lyon, de Saclay, et de l’Université de Rennes. Le Prix Jeunes Talents France L'Oréal-UNESCO Pour Les Femmes et la Science récompense chaque année 35 jeunes doctorantes et postdoctorantes pour promouvoir et soutenir l’implication des jeunes femmes dans la recherche scientifique.
La diversité de leurs parcours et la richesse de leurs champs de recherche témoignent de l’éventail des débouchés pour les jeunes femmes qui s’engagent dans une carrière scientifique. Et, surtout, de ce que leurs travaux présentent d’indispensable pour notre société.
Alexandra Palt, vice-Présidente de la Fondation L’Oréal porte un message fort « comment ignorer l’apport inestimable de ces femmes à la résolution des grands défis de notre époque ? » C’est tout l’enjeu de ce Prix Jeunes Talents : rendre visibles les travaux d’une génération de femmes scientifiques qui s’intéressent à des sujets fondamentaux de notre temps. Dans la catégorie « Intelligence artificielle et données au service du bien commun », Solenne Gaucher travaille ainsi à développer des algorithmes équitables et inclusifs, et Élodie Germani à utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer l’imagerie médicale. De son côté, Sibylle Marcotte œuvre pour améliorer la compréhension des outils d’apprentissage automatique, dont l’impact sur nos sociétés devient omniprésent. Enfin, Madeleine Kubasch est distinguée dans la catégorie « Analyser, anticiper et prédire » pour ses travaux de décryptage de la propagation des épidémies grâce aux mathématiques.
Toutes les quatre sont unanimes : recevoir ce prix, décerné par un jury très prestigieux, est « une fierté », « un honneur », mais aussi une « reconnaissance de [leurs] travaux et de l’intérêt et la pertinence de [leurs] thèmes de recherche », comme l’exprime Solenne Gaucher.
Verbatim
J’ai souvent eu le syndrome de l’imposteur ; on ne sait pas si ce que l’on fait est vraiment important. Ce prix renforce la confiance envers les résultats. Il apporte aussi beaucoup de visibilité auprès du grand public et de la communauté scientifique.
Auteur
Poste
Postdoctorante à l’Université de Bonn et anciennenement doctorante au sein des équipes-projets EMPENN et LACODAM
Cela marche d’ailleurs dans les deux sens : Sibylle Marcotte a beaucoup apprécié la rencontre avec les autres lauréates.
Verbatim
L’une des scientifiques part en mission dans les terres australes auprès d’animaux marins, c’est très loin de moi derrière mon ordi ! C’est passionnant de rencontrer des femmes scientifiques brillantes de toutes les disciplines.
Auteur
Poste
Doctorante à l'École normale supérieure - PSL au sein de l’équipe-projet OCKHAM
Pour chacune des quatre chercheuses, il y a une dimension presque évidente à être là aujourd’hui. Sibylle Marcotte et Solenne Gaucher ont « toujours préféré les mathématiques » ou les sciences et ont évolué dans des environnements familiaux où cet appétit était soutenu. Mais il y a aussi eu des chemins de traverse : Élodie Germani a commencé par la médecine avant de se rendre compte qu’elle était « plus dans la réflexion que dans l’action » et que la recherche lui conviendrait mieux. Madeleine Kubasch a démarré ses études par une double licence en biologie et en mathématiques où elle a découvert qu’elle était très intéressée par la biologie, mais qu’elle était mathématicienne.
Aujourd’hui, ses travaux se situent à l’interface entre les deux disciplines. Dans un premier temps sur l’épidémiologie et désormais sur la biodiversité dans l’agriculture. Elle envisage également des passerelles avec la sociologie, notamment sur la propagation des fake news. Tout comme ceux d’Élodie Germani, également plantés dans le champ médical et l’approche de Sibylle Marcotte, qui s’est rendue compte que son travail « fait des liens avec d’autres disciplines des mathématiques » et qui aimerait continuer à y contribuer. Enfin, Solenne Gaucher, avec ses travaux sur les problèmes d’équité algorithmique, est en prise avec des problématiques sociales concrètes.
Chacune à leur manière, ces scientifiques démontrent que la recherche scientifique est ancrée dans la « vie de la cité », au service du bien commun.
Verbatim
J’adore ce métier car il allie la curiosité et la rigueur scientifique, mais il me permet aussi de m’engager pour la société : grâce à mon périmètre de recherches, mais aussi par la vulgarisation et par l’engagement pour les femmes dans la science.
Auteur
Poste
Postdoctorante à l'École polytechnique et anciennement doctorante au sein de l’équipe-projet Merge
Les quatre lauréates s’accordent sur leur responsabilité partagée, que ce Prix consacre : celle d’être des femmes visibles dans un environnement toujours dominé par les hommes. La sous-représentation des femmes « est encore plus vraie en mathématiques que dans d’autres disciplines scientifiques », observe d’ailleurs Solenne Gaucher. Et de fait, en 2024, les femmes ne représentent que 22 % des doctorants en mathématiques — un niveau encore plus bas que 10 ans auparavant. Or ces scientifiques ont-elles-mêmes expérimenté combien la représentation de leurs paires est déterminante dans les choix d’orientation : « toutes mes profs de maths ont toujours été des femmes au collège et au lycée, et je me suis rendu compte plus tard que cela avait banalisé pour moi la place des femmes dans la science », témoigne Sibylle Marcotte.
À l’inverse, Solenne Gaucher a vu s’amenuiser le nombre de femmes au fur et à mesure de son parcours.
Verbatim
Il faut s’adresser aux femmes sur toute la durée de l’éducation, car elles se détournent des maths à tous les stades des études.
Auteur
Poste
Postdoctorante ENSAE Paris au sein de l'équipe-projet FairPlay
D’où l’importance de programmes de soutien dans lesquels nos quatre chercheuses sont engagées, comme les Rencontres des jeunes mathématiciennes et informaticiennes (RJMI) portées par les associations Animath et femmes & mathématiques et accueillies chez Inria, le programme Un scientifique, une classe : chiche, ou encore les programmes de speed dating et de mentorat de l’association Femmes et mathématiques.
Comme le dit Madeleine Kubasch, ce prix est aussi une invitation « à poursuivre l’engagement pour les jeunes femmes en science, et en particulier en mathématiques. »