Le hackAtech, un nouveau format
Le hackAtech en deux mots ? “Un marathon d’innovation de 54 heures durant lequel les participants se regroupent en équipes autour d’un projet de startup, d’une idée exploitant une technologie numérique issue des laboratoires Inria et Irisa, résume Antoine Le Graët, coordinateur de l’événement. La palette couvre des domaines comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, la science des données ou encore la cybersécurité. Les participants pouvaient s’appuyer sur ce catalogue de logiciels et d’algorithmes ainsi que sur l’expertise de nos chercheurs pour ébaucher une preuve de concept visant à proposer une solution à un problème ou à un besoin identifié sur un marché. Chaque équipe devait ensuite présenter son projet devant un jury.”
Un mélange des profils
Dix équipes se sont ainsi constituées autour d’un projet en agrégeant à la fois des compétences scientifiques et entrepreneuriales. “Parmi la soixantaine de participants, nous avons eu la chance d’accueillir les étudiants du Mastère Innovation et Entrepreneuriat porté par Insa-Rennes et la Rennes School of Business. Ce cursus propose à des profils ingénieurs de suivre un parcours de gestion d’entreprise en simultané. Il dirigé par Éric Anquetil, membre de l’équipe de recherche Intuidoc et Thierry Bossee Pilon, maître de conférence à la RSB. Le hackAtech faisait partie de leur programme pédagogique pour la rentrée. Ils ont insufflé à l’événement beaucoup d’enthousiasme et de dynamisme. Nous avons eu aussi la participation de chercheurs, d’ingénieurs ou de doctorants souvent issus de nos laboratoires, mais pas uniquement.” Tout au long de l’événement, les participants ont bénéficié de l’appui des ingénieurs du Service d’expérimentations et développement d’Inria (le SED). Pour l’aspect marché et entreprise, les équipes étaient conseillées par des experts issus des structures d’accompagnement de l’écosystème : le Poool, le Village by CA, 1kubator, Pépite Bretagne et l’incubateur IMT Atlantique.
Des cas d'études industriels
Le hackAtech a également vocation à accueillir des industriels souhaitant soumettre des problèmes technologiques concrets pour lesquels ils cherchent une solution. “Lors de cette première édition rennaise, nous avons eu la participation de Ouest-France qui a proposé trois cas d’usage.” Bonne pioche. “Chercheur dans l’équipe Intuidoc, Bertrand Coüasnon a sorti de ses cartons un logiciel quasiment clé en main qui répond parfaitement à l’une des problématiques exposées. Des discussions se sont enclenchées dès la semaine suivante avec le service R&D de l’entreprise. Pour nous, c’est un point très positif car le but de l’événement est bien de créer du lien entre nos équipes et les industriels.”
Pour les lauréats de ce marathon technologique, l’aventure ne s’arrête pas forcément là. “À ceux qui le souhaiteront, nous proposerons d’approfondir le sujet, à la fois sous l’angle R&D et sous l’angle du marché, en intégrant éventuellement le dispositif Inria Sartup Studio, la structure d’Inria consacrée à la maturation de projets technologiques.” Cet incubateur monte actuellement en puissance. Il pourrait bientôt accompagner jusqu’à 100 projets par an au niveau national.
Aftermovie de la première édition du hackAtech à Rennes
Un hackAtech Bis ?
Après ce premier hackAtech à Rennes, l’idée d’une deuxième édition a été tout de suite évoquée. “Ce n’était pas notre intention initiale, indique Antoine Le Graët. La préparation a exigé beaucoup de temps. Nous n’avions donc pas forcément dans l’idée de mettre en chantier un second événement dans l’immédiat. Mais l’engouement suscité et les résultats produits nous amènent à reconsidérer cette position. Si nouvelle édition il y a, celle-ci ne sera peut-être pas portée uniquement par Inria. L’institut pourrait inviter d’autres acteurs de l’écosystème à le rejoindre pour l’organiser ensemble.”
Du calcul génomique dix fois plus rapide
Parmi les chercheurs impliqués dans le hackAtech : Dominique Lavenier, membre de GenScale, une équipe Inria spécialisée en bio-informatique. Dans ses cartons : un prototype qui accélère le calcul en génomique par… un facteur dix !
“Nous menons des travaux avec Upmen, une jeune entreprise de Grenoble à l’origine d’un nouveau type de mémoire. Dans une architecture classique, le processeur est relié à une mémoire centrale. Ce sont des barrettes que l’on vient disposer sur le matériel. Plus on veut de la mémoire, plus on achète de barrettes.” Problème : “Aujourd’hui, quand les applications traitent de gros volumes de données, le processeur sollicite tellement cette mémoire que la bande passante entre les deux est complètement saturée. Les processeurs passent leur temps à attendre l’arrivée des données. On se heurte à ce qui s’appelle le mur de la mémoire. On a beau rajouter des ressources de calcul, l’application ne va pas plus vite. Pour résorber ce goulet d’étranglement, Upmen crée des petits processeurs intégrés directement dans les barrettes mémoire.”
Mais pour en tirer parti, encore faut-il adapter le logiciel à ce nouveau matériel. Et c’est là que GenScale rentre en jeu. “Nos applications de génomique gèrent de gros volumes de données. Elles rencontrent donc ce problème de bande passante. Depuis 5 ans, nous travaillons avec Upmen pour trouver comment paralléliser efficacement nos algorithmes sur cette mémoire innovante qui s’apparente à une architecture parallèle.” Résultat : une réécriture en profondeur couronnée par une forte accélération du traitement.
Monter une startup
Voilà pour le constat. Mais un pas reste à franchir : “amener cette technologie dans les mains de l’utilisateur final. Or aujourd’hui, mais il manque un troisième acteur qui puisse commercialiser une solution basée sur l’architecture Upmen et sur les algorithmes de l’équipe GenScale. D’où l’idée de monter une startup. Et c’est ce qui nous a amené à participer au hackAtech.”
Durant l’événement, un groupe de cinq personnes s’est constitué pour réfléchir à la proposition des chercheurs. “Ils ont étudié le business model pour déterminer en particulier à qui précisément pourrait s’adresser la technologie. Aux bio-informaticiens ? Aux entreprises qui vendent déjà du logiciel dans ce domaine ? Ou bien encore aux grands groupes pharmaceutiques qui possèdent des services informatiques ayant des besoins en accélération de calcul ?”
Après ce premier travail de défrichage marché, Dominique Lavenier espère une suite. “Ce que je souhaite, c’est intéresser des gens à ce projet, leur donner envie de s’y investir et le mener à bien. Parmi les participants au hackAtech, un ou deux personnes pourraient s’imaginer continuer.” L’idée va donc continuer de cheminer…