Une bourse ERC Starting Grant pour María Naya-Plasencia

Date:
Mis à jour le 01/04/2020
Les informaticiens prédisent depuis longtemps l’arrivée d’un nouveau type d’ordinateur aux capacités de calcul largement supérieures : l’ordinateur quantique. La sécurité des systèmes de protection de nos communications risque d’être compromise par ces machines d'une nouvelle génération. María Naya-Plasencia, de l’équipe Secret du centre Inria de Paris, a reçu une bourse de l’ERC pour analyser la sécurité des systèmes cryptographiques symétriques dans un univers postquantique.

Sur quoi portent vos recherches chez Inria ?

Dans l'ère de l'information, l'importance de la cryptographie est cruciale. Le but principal de la cryptographie est de protéger les échanges de données. Cette opération s’effectue à l'aide d'une clé. Si les clés utilisées pour chiffrer et déchiffrer les informations sont différentes, on parle de cryptographie asymétrique. Si on utilise la même clé, on parle de cryptographie symétrique. Dans la plupart des cas, les informaticiens mettent en œuvre des systèmes hybrides qui combinent les deux familles. Pour ma part, je travaille plus spécifiquement sur la cryptographie symétrique.

Quel est l’objectif du projet QUASYModo, pour lequel l’European Research Council vous a attribué cette bourse Starting Grant  ?

Depuis quelques mois, je m’intéresse à la cryptographie symétrique dans un univers postquantique, c’est à dire dans l’environnement futur qui sera marqué par l’arrivée d’ordinateurs qui utiliseront les propriétés quantiques de la matière et dont les capacités de calcul seront largement supérieures aux ordinateurs conventionnels. C’est sur cette thématique que porte mon  projet QUASYModo. Nous savons que l'arrivée de l'ordinateur quantique posera un vrai problème pour la plupart des primitives asymétriques, mais on sait peu de choses quant aux implications sur la sécurité des primitives symétriques. Je me suis donc intéressée à ce qui se passerait pour la cryptographie symétrique si on avait affaire à un adversaire qui utilise un ordinateur quantique. Il y a pour l'instant très peu de recherches sur ce sujet.

Qu’est-ce qui vous a motivée dans l’étude de ces systèmes cryptographiques ?

La communauté scientifique a conscience que la plupart des systèmes cryptographiques asymétriques actuels deviendront vulnérables avec l'arrivée de l'ordinateur quantique. Elle est inquiète et recherche des alternatives. C'est donc un domaine très actif. En revanche, il y a très peu de recherches concernant les systèmes cryptographiques symétriques. On peut énoncer des généralités sur la manière d'augmenter les tailles des clés pour rester sûrs dans des cas idéaux. En réalité, on ne sait pas grand-chose sur ces attaques postquantiques puisqu’aucune étude ne s’est réellement penchée sur le sujet.

La confiance dans nos systèmes symétriques est entièrement basée sur nos connaissances dans le domaine de la cryptanalyse. Si l’on veut que les systèmes postquantiques soient fiables et performants, il faut comprendre comment les adversaires pourront exploiter cette nouvelle puissance de calcul. 

Il existe quelques travaux préliminaires, parmi lesquels des résultats surprenants que nous avons obtenus cette année : nous avons démontré que certains systèmes symétriques peuvent aussi devenir vulnérables à l'ordinateur quantique. QUASYModo va nous permettre de poursuivre en profondeur ces travaux. 

Que représente pour vous l’obtention de cette bourse ? Comment allez-vous l’utiliser ?

C’est la première grande récompense que je reçois. C’est une opportunité formidable pour faire avancer les choses. La bourse permettra d'avoir une énorme force de travail concentrée sur ce sujet de grande importance. Grâce au financement de l’ERC, je vais recruter des doctorants et postdoctorants pour vraiment pouvoir avancer rapidement et efficacement dans ce domaine.

María Naya-Plasencia
© Inria / Photo G. Scagnelli

Bio express

  • Originaire d’Espagne, María Naya-Plasencia est diplomée de l'ETSIT de l'université Polytechnique de Madrid et de Télécom Sud-Paris ;
  • Elle vit en France depuis 2005 ;
  • Elle a obtenu son doctorat en 2009 de l'université Pierre et Marie Curie ;
  • Depuis 2012 elle est chercheuse Inria dans l'équipe-projet Secret ;
  • María a participé aux comités de programme de plusieurs conférences internationales comme Crypto, Eurocrypt, Asiacrypt. Depuis 2016 elle est "co-editor in chief " du journal Transactions on Symmetric Cryptology.