Blockchain : pour quelles industries ?

Comme pour toute nouvelle technologie, des applications actuellement inimaginables seront développées au fur et à mesure que la Blockchain continuera à évoluer et à créer de nouvelles opportunités. Nous en dressons donc, ici, une liste non exhaustive.

Par nature, la blockchain est la technologie parfaitement adaptée aux transactions financières. Grâce à la transparence et la sécurité qu’elle offre, elle permet, par exemple, de réaliser des transactions de pair-à-pair sans l’intervention d’une banque, de manière bien plus rapide, et à moindres frais.

Plus globalement, la technologie blockchain a la possibilité, par ses propriétés, de "désintermédier" les principaux services fournis par les banques, à commencer par la collecte de fonds, la vérification d’identité numérique, le financement privé en capital ou en dette des entreprises, ou encore les transactions transfrontalières. Pour ces dernières, par exemple, traditionnellement lentes et coûteuses car les systèmes passent généralement par plusieurs banques sur le chemin de la destination finale du paiement, la blockchain pourrait rendre les processus plus rapides, plus précis et moins coûteux.

Et la liste des bénéfices de la blockchain dans le secteur ne s’arrête pas là. En ce qui concerne la vérification de l'identité numérique, la blockchain pourra, par exemple, permettre aux banques et aux autres institutions financières de sécuriser les informations d'identification de leurs clients, accroissant ainsi la confiance du public tout en se protégeant contre la fraude et en accélérant considérablement le processus de vérification. La blockchain pourrait enfin, en supprimant le besoin de gardiens dans l'industrie du prêt et du crédit, rendre plus sûr l'emprunt d'argent et fournir des taux d'intérêt plus bas.

Les banques et autres institutions financières utilisent d’ailleurs déjà la blockchain pour optimiser leurs services, réduire la fraude et les frais pour les clients : selon une étude récente d'IBM, 91 % des banques investiraient déjà dans des solutions blockchains et 66 % des institutions s'attendent à fonctionner rapidement à l'échelle avec la Blockchain.

Comment permettre aux professionnels de santé de partager des données sur leurs patients, donc particulièrement sensibles, de manière entièrement sécurisée ? S’il est évident qu’ une blockchain publique, de par sa caractéristique décentralisée et donc accessible à tous, ne pourrait pas être utilisée pour stocker ce type d’informations personnelles, une blockchain privée, en revanche, pourrait être la solution idéale pour répondre aux exigences liées aux évolutions du secteur médical, sans risquer fraude, fuite de données ou encore utilisation malvenue de celles-ci.

Les prestataires de soins de santé pourraient ainsi exploiter une blockchain privée pour générer et stocker en toute sécurité les dossiers médicaux de leurs patients, tout en leur assurant que ceux-ci ne peuvent être ni modifiés, ni accessibles par tout un chacun, garantissant ainsi la confidentialité des informations en question.

La blockchain pourrait également offrir au secteur médical la possibilité de garantir la traçabilité et donc l'authenticité de médicaments et traitements circulant sur les marchés mondiaux, en stockant l’intégralité des données mises à disposition à leur sujet : études, recherches, essais… Un suivi fiable, qui pourrait contribuer à faire disparaître les craintes liées à la mise sur le marché de nouveaux produits pharmaceutiques.

Alors que le secteur de l’automobile voit ses véhicules évoluer pour être toujours plus connectés, électriques et/ou autonomes, il se retrouve confronté à une problématique de taille : le stockage, la gestion et l’exploitation des données associées à toute cette connectivité, et ce de manière sécurisée.

La blockchain pourrait permettre de résoudre ce problème, en permettant à des véhicules autonomes de transmettre à leur "réseau" leurs données de localisation et de circulation, exactes et sécurisées. Seules les parties autorisées seraient en mesure d'accéder à ces données, sécurisées par cryptographie, en temps réel, tout en évitant le piratage du réseau en question.

La blockchain pourrait également permettre de certifier l’authenticité des véhicules neufs mis en vente, et de leurs composants. Un processus déjà testé chez Lamborghini, qui a fait certifier une Aventador S grâce à la blockchain. Les véhicules d’occasion, eux, pourraient voir l’intégralité de leurs informations (carnet et factures d’entretien, contrôle technique, rapport Histovec, etc.) enregistrées sur un registre sécurisé, permettant de rassurer acheteurs et locataires sur leur historique.

Le vote en ligne via blockchain, considéré comme une piste intéressante pour moderniser le système électoral en France, a été l’un des sujets les plus débattus lors des dernières élections régionales. Cela pourrait en effet permettre aux citoyens de voter de n'importe où, sans avoir à se déplacer dans un bureau de vote, et donc de stimuler la participation électorale.

L'utilisation de la blockchain dans ce processus rendrait les votes presque impossibles à falsifier, tout en maintenant la transparence du processus électoral, en réduisant le personnel nécessaire à la tenue d'une élection et en fournissant aux responsables des résultats presque instantanés.

Une solution qui ne fait pour autant pas l’unanimité. Certains chercheurs du MIT ont d’ailleurs fait part, au travers d’une publication, de leurs inquiétudes au sujet des éventuels problèmes de sécurité d’un tel outil.

En attendant, plusieurs municipalités s’essaient à l’exercice en France, à l’image des villes de Chapet, Verneuil-sur-Seine et Vernouillet qui ont permis à leurs habitants de voter en ligne en 2020, pour ou contre un projet de contournement d'une route départementale. La ville de Neuilly-sur-Seine a, plus récemment, annoncé avoir lancé une plate-forme de vote en ligne utilisant la blockchain pour permettre à ses citoyens de se prononcer « sur les projets du quotidien (programmes culturels, travaux publics, etc.) ».

Le secteur des assurances est régulièrement confronté à des fraudes. Pour les contrer, ses acteurs s’attèlent à de nombreuses vérifications qui peuvent considérablement allonger les délais de prise en charge et de remboursement. Dans ce genre de cas, une blockchain peut permettre aux assureurs de mettre en place un KYC (Know Your Customer) transparent et traçable, permettant d’éviter tous les risques de fraudes ou de blanchiment, tout en évitant aux assurés d’avoir à justifier régulièrement leurs informations personnelles grâce à une "identité certifiée".

Grâce à la blockchain et à sa capacité à faire circuler l’information de manière sécurisée et traçable, le secteur des assurances peut gagner en automatisation, en permettant notamment le déclenchement automatique des garanties. Un avantage qui implique naturellement un raccourcissement des délais de remboursement et une importante réduction des coûts de gestion.

Le piratage, la fraude et le vol de propriété intellectuelle d'articles numériques coûtent à l'industrie du divertissement près de 71 milliards de dollars par an. En utilisant la blockchain, les acteurs du divertissement ont désormais la possibilité de suivre le cycle de vie des contenus, et ainsi de limiter la fraude les concernant.

Également, la blockchain pourrait permettre la vente aux utilisateurs de billets de manière sécurisée et transparente, mais aussi de réduire l’achat massif de billets par des revendeurs, le tout dans le but de sécuriser le marché de la billetterie et contrer le marché noir. Une opportunité qui pourrait également s’avérer utile lors de la revente de billets de "seconde main" entre particuliers, assurant une fois de plus la fiabilité du billet.

Enfin, l’utilisation de Smart Contracts (des contrats intelligents) peut désormais permettre aux artistes de toucher automatiquement les revenus liés aux achats de leurs créations, selon des accords de licence prédéterminés.

Les chaînes d'approvisionnement mondiales existant dans le secteur du commerce sont inefficaces, mal suivies et souvent mal exploitées.

La blockchain a ici le potentiel de faciliter le suivi précis des matériaux, produits et logiciels, et améliorer la transparence liée à la provenance des biens de consommation, de l'approvisionnement au point de consommation. L’authenticité des produits dits "biologiques" ou "commerce équitable" serait ainsi assurée pour le consommateur final.

Plusieurs acteurs proposent déjà des solutions de blockchain dédiées aux chaînes d’approvisionnement, à commencer par l’agroalimentaire avec l’entreprise IBM et son IBM Food Trust ou Carrefour qui, en 2018, a mis au point une technologie blockchain destinée à la vente de poulets.