Modélisation et Simulation

« Fan zones » et sécurité : la réalité virtuelle en appui des organisateurs

Date:
Mis à jour le 30/07/2024
Comment s’assurer que des "fan zones", telles que celles des Jeux Olympiques de Paris 2024, soient adaptées, accueillantes et sûres pour tous et toutes ? C’est la question que s’est posée le Laboratoire central de la préfecture de police de Paris, qui s'appuie sur les outils de réalité virtuelle développés par l’équipe-projet VirtUs (Centre Inria de l’Université de Rennes) pour n’omettre aucun détail dans le déploiement des espaces de demain.
Fan zones

 

Dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024, 26 "fan zones" ont été déployées à Paris (et une trentaine dans tous les départements d’Île-de-France). Ces zones de festivités, ouvertes gratuitement au public durant les semaines d’épreuves et pouvant accueillir une moyenne de 500 personnes en simultané, ont pour principal objectif d’étendre l'expérience olympique bien au-delà des stades et des gymnases, en permettant aux visiteurs et visiteuses de se rassembler autour de l’évènement mondial. 

Des lieux de rencontres qui, au-delà de la fête, apportent à leurs organisateurs et organisatrices leur lot de questionnements, notamment en matière de confort et de sécurité

Verbatim

La principale question qu’un gestionnaire se pose, c’est « comment la foule va se comporter dans le lieu que je suis en train d’aménager ? ». En France, en particulier, la sécurité de la foule est un sujet important, notamment pour éviter les accidents dus aux mouvements de foule.

Auteur

Julien Pettré

Poste

Responsable de l’équipe VirtUs et coordinateur du projet européen CrowdDNA

La réalité virtuelle pour optimiser les espaces d’accueil du public

Le Laboratoire central de la préfecture de police de Paris (LCPP), qui collabore avec la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) sur les sujets de prévention des risques et de coordination en cas d’incident, travaille sur des pratiques permettant d’améliorer la gestion des flux dans les structures, parmi lesquelles la simulation de foule. 

Du dimensionnement des jauges au nombre de sorties de secours à prévoir, en passant par la présence et les emplacements du mobilier urbain dans les espaces ou encore la disposition de la signalisation et de l’éclairage, pour tout régler de manière optimale, le LCPP s’est tourné vers l’équipe-projet VirtUs et son expertise en modélisation et simulation dans le domaine de la gestion des foules afin d’exploiter la réalité virtuelle pour mieux comprendre les défauts possibles des aménagements et améliorer les prochaines "fan zones". 

« Les simulateurs peuvent donner des indicateurs mais leur fiabilité est limitée. La réalité virtuelle, en revanche, permet de recréer in silico les aménagements envisagés afin de les tester, c’est-à-dire avoir la possibilité de visualiser comment des personnes vont évoluer en présence de ces aménagements, se comporter dans ces espaces. Cela permet aux gestionnaires de répondre aux questions qu’elles et ils se posent », explique Julien Pettré, avant de préciser : « Notre rôle n’est pas de leur apporter de nouvelles techniques de gestion, mais de leur fournir des informations importantes pour les aider à prendre les bonnes décisions ».

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L’étude des foules : comprendre les règles qui régissent les mouvements et les interactions

L’équipe-projet VirtUs, du Centre Inria de l’Université de Rennes, développe en effet des logiciels qui permettent de reproduire des scènes peuplées immersives, où coexistent des humains virtuels et réels, avec un niveau de réalisme suffisant pour que l'expérience vécue "par ordinateur" et ses résultats puissent être transposés à la réalité. 

Ses recherches explorent ainsi les techniques permettant de composer ces espaces virtuels partagés : techniques d'animation pour déplacer les personnages de manière réaliste, simulation de groupes et de foules de personnages, et outils de création de scènes virtuelles. 

Ces simulations immersives sont ensuite exploitées pour étendre les connaissances sur la façon dont les humains interagissent avec leurs alter ego : « Le comportement d’un individu dans la foule est soumis à beaucoup de paramètres de natures très différentes qui sont tous importants : des facteurs physiologiques (s’agit-il d’enfants, de personnes âgées, etc.), psychologiques (est-ce que la foule est calme, excitée, etc.), sociaux (l’événement se déroule-t-il entre amis, en famille, seul), ou encore environnementaux (données météo, par exemple). Tout cela se superpose évidemment à la raison même de la présence de ces individus particuliers dans cette foule particulière, leurs motivations, la dynamique de la foule. Cela rend très complexe la tâche de modélisation », indique Julien Pettré. 

Le scientifique, qui se rendait cette année pour la troisième fois au HellFest afin d’observer le comportement des foules et recueillir des données de terrain sur le festival, espère ainsi, au-delà d’une compréhension de la foule dans sa globalité, analyser comment chacun et chacune interagit avec ses voisines et voisins, son environnement, ou encore les dynamiques locales, pour pouvoir, enfin, comprendre le lien entre le comportement de chaque individu, et de la foule dans sa globalité.